Invitée sur le plateau de France Info, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a fermement réagi aux propos de Bruno Retailleau, Ministre de l'Intérieur et président des Républicains, qui appelle à stopper les subventions publiques destinées à l’éolien et au photovoltaïque. Une position que la ministre juge « totalement contraire » à celle du gouvernement et qui, selon elle, menace des milliers d’emplois et la souveraineté énergétique de la France.
Une ligne gouvernementale claire en faveur des renouvelables
Dès les premières minutes de l’entretien, Agnès Pannier-Runacher a tenu à clarifier la position de l’exécutif : « Le gouvernement a pris une position très claire sur les énergies renouvelables. Nous en avons besoin, ce n’est pas une opinion, c’est la science qui le dit. » En rappelant que 60 % de l’énergie consommée en France provient encore des énergies fossiles, la ministre a insisté sur la nécessité d’accélérer le développement des énergies bas-carbone, notamment l’éolien et le solaire, pour réduire la dépendance du pays vis-à-vis d’acteurs géopolitiques instables.
« Est-ce que vous croyez que, même d’un point de vue de souveraineté, il est confortable de dépendre de la Russie, de l’Algérie ou du Moyen-Orient pour notre énergie ? », a-t-elle lancé, soulignant les tensions croissantes dans ces régions du globe et les risques associés à une telle dépendance.
Des conséquences concrètes sur le terrain
La ministre a également mis en garde contre l’impact immédiat que ce type de discours peut avoir sur les acteurs économiques. « Le secteur de la rénovation énergétique tire la sonnette d’alarme partout en France. Des chantiers sont à l’arrêt, les embauches suspendues. » Pour elle, les prises de position comme celle de Bruno Retailleau envoient un signal déstabilisant au marché et freinent les dynamiques de transition.
« Populisme basique »
Interrogée sur la pertinence du maintien de M. Retailleau au sein de la majorité présidentielle ou du gouvernement, la ministre a éludé : « Je ne suis pas Première ministre. » Mais elle n’a pas mâché ses mots : « C’est irresponsable. C’est du populisme basique. Peu importe l’intérêt des Français, pourvu qu’on aille chercher des voix à droite et au-delà. Quand on prétend être un homme d’État, on ne joue pas avec la sécurité énergétique du pays. »
Cette sortie, très offensive, illustre les profondes tensions qui traversent la majorité et l’opposition sur les orientations énergétiques de la France, à l’heure où les enjeux climatiques, industriels et géopolitiques se font plus pressants que jamais.