Face à la montée en puissance des énergies renouvelables, le stockage d’électricité devient un enjeu central de la transition énergétique. C’est le constat partagé par Sylvie Perrin, avocate associée du cabinet De Gaulle Fleurance, et Corentin Baschet, associé chez Clean Horizon, lors de leur intervention sur BSmart.
Clean Horizon, intervient à deux niveaux : d’une part, la modélisation économique des revenus futurs issus des batteries en fonction des marchés de l’énergie ; d’autre part, un accompagnement technique allant de la conception jusqu’à la mise en service des projets de stockage. Leur expertise est d’autant plus précieuse que les signaux du marché (comme les prix négatifs aux heures de forte production solaire) mettent en lumière un besoin accru de flexibilité.
L’observatoire des transitions énergétiques, publié pour la sixième année par le cabinet d’avocats, insiste sur cette nécessité de flexibilité. En 2023, la France comptait seulement 1 GW de batteries installées, alors que le besoin estimé par RTE pour 2030 atteint 6 GW, notamment pour équilibrer l’offre et la demande en temps réel. À cela s’ajoutent d'autres besoins : services système, gestion des congestions réseau, etc.
Contrairement à l’idée reçue, la France ne produit pas trop d’électricité : elle doit au contraire en produire davantage pour se passer des énergies fossiles. La croissance des usages électriques (mobilité, chauffage, etc.) impose une adaptation rapide des infrastructures. RTE annonce d’ailleurs 100 milliards d’euros d’investissements nécessaires pour moderniser le réseau.
Le stockage est une solution clé, au même titre que l’effacement ou la modulation de la production. Les batteries, hyper flexibles, peuvent se charger ou se décharger en quelques millisecondes, optimisant les pics et creux de production. Cependant, leur intégration dans le réseau français reste freinée par des contraintes réglementaires et fiscales.
Des exemples européens montrent des solutions intéressantes : prix planchers en Angleterre, exonérations fiscales en Belgique… autant de leviers à envisager pour la France. Le développement de la charge intelligente et du vehicle-to-grid (batteries de véhicules restituant l’énergie au réseau) complète le tableau d’un futur énergétique plus souple et résilient.
En somme, le stockage n’est plus une option, mais une condition sine qua non pour accompagner la mutation vers un mix énergétique décarboné et performant.