Avec l’arrivée de Friedrich Merz à la chancellerie, l’Allemagne s’engage dans une nouvelle étape de sa transition énergétique. Le contrat de coalition, publié à l’occasion de la formation du gouvernement, place les énergies renouvelables et les solutions de stockage au centre d’une stratégie qualifiée de pragmatique, planifiable et souveraine.
Un soutien massif et coordonné aux renouvelables
L’ambition affichée est claire : exploiter pleinement tous les potentiels des énergies renouvelables. Le solaire, l’éolien, la bioénergie, la géothermie, l’hydroélectricité, ainsi que les molécules climatiquement neutres issues de ces sources (comme l’hydrogène vert), constituent la base du futur mix énergétique allemand. Le gouvernement souhaite les rendre progressivement auto-finançables, avec un déploiement coordonné dans les territoires.
La coalition entend également intégrer pleinement les citoyens et les entreprises dans cette dynamique via des coopératives, l’autoconsommation et une simplification administrative, afin d’en faire des acteurs directs de la transition énergétique.
Le stockage : levier de flexibilité et de sécurité
La réussite d’un système 100 % renouvelable passe par sa flexibilité, et c’est là que le stockage devient un pilier stratégique. Le contrat prévoit de lever tous les freins réglementaires à la valorisation de l’électricité excédentaire et de développer des capacités de stockage à tous les niveaux : batteries domestiques, recharge bidirectionnelle de véhicules électriques, stations connectées à la haute tension, etc.
Un fonds d’investissement pour les infrastructures énergétiques viendra soutenir les projets de stockage, en combinant capitaux publics et privés. Par ailleurs, la coalition prévoit de supprimer les doubles impositions et de faciliter l’implantation de consommateurs proches du réseau, afin d’optimiser localement la gestion de l’électricité.
Réseaux intelligents et accélération des autorisations
Le développement des renouvelables sera synchronisé avec la modernisation des réseaux, qui seront renforcés et numérisés. Le contrat prévoit une intégration accélérée des compteurs intelligents, de la tarification dynamique, et du courant continu haute tension pour optimiser les flux.
Afin d’éviter les goulets d’étranglement réglementaires, le gouvernement veut simplifier les procédures d’autorisation, notamment pour les projets liés aux infrastructures renouvelables. L’application rapide de la directive européenne RED III est un axe central.
Hydrogène, CCS et soutien aux technologies critiques
Le développement d’une économie de l’hydrogène neutre en carbone est également une priorité, avec un réseau interconnecté soutenu par des instruments tels que H2 Global et IPCEI. Le captage et stockage du CO₂ (CCS/CCU) sera encadré par une législation dédiée, notamment pour traiter les émissions résiduelles de l’industrie lourde.
Une transition pilotée pour garantir la souveraineté
Enfin, la coalition insiste sur la nécessité de préserver la sécurité d’approvisionnement et la compétitivité industrielle. Cela passe par des prix de l’électricité maîtrisés, une réduction des taxes, et des investissements ciblés. Jusqu’à 20 GW de nouvelles centrales à gaz sont envisagés d’ici 2030, mais avec un cadre technologique ouvert et une intégration dans un mécanisme de capacité transitoire.
Conclusion : En plaçant les renouvelables et le stockage au cœur de sa feuille de route, la nouvelle coalition allemande vise une transition énergétique crédible, résiliente et économiquement soutenable. Le défi sera de concilier ambition climatique, sécurité énergétique et attractivité industrielle à l’échelle nationale et européenne.
Markus Söder (CSU), Friedrich Merz, le nouveau chancelier (CDU) et Lars Klingbeil (SPD)