Marc Ferracci, ministre délégué à l’Industrie et à l’Énergie, était l’invité de « France Info » vendredi dernier. À la veille de décisions cruciales pour l’avenir énergétique du pays, il a détaillé la stratégie de l’exécutif sur la feuille de route du pays (PPE), alors que la contestation monte au sein de l’opposition et de la société civile, réclamant un véritable débat parlementaire plutôt qu'une simple adoption par décret.
Alors que le Rassemblement National (RN) exige un débat parlementaire sur la future Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), le ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci, répond avec fermeté, dénonçant une posture opportuniste de la part du parti de Marine Le Pen.
Accusé de vouloir passer en force via décret, le gouvernement rappelle que la PPE n’est que la déclinaison technique d’objectifs déjà fixés par la loi, notamment l’atteinte de 33 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique à l’horizon 2030. « Le décret ne fait qu’appliquer la loi », insiste Ferracci, qui rappelle que la PPE ne sort pas de nulle part : elle résulte de quatre années de consultation publique, 50 000 contributions citoyennes, 7 600 propositions, et d’avis d’instances comme le Conseil supérieur de l’énergie, où siègent aussi des députés du RN.
Le ministre se dit toutefois ouvert à un débat parlementaire, voire à un vote, tout en soulignant les difficultés : « La PPE, c’est un arbitrage entre nucléaire, renouvelables et fossiles, ce qui suscite des dissensions au sein même de l’Assemblée. » Il indique qu’une proposition de loi du sénateur Daniel Grémillet, adoptée au Sénat, sera prochainement inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée. « Ce sera l’occasion d’un débat clair. »
Ferracci ne mâche pas ses mots contre le RN, qu’il accuse de se livrer à une « stratégie du coucou » en reprenant des idées venues d’autres groupes politiques sans y avoir contribué. Il critique également l’absence d’implication passée du RN dans les travaux préparatoires.
Quant à la menace de motion de censure agitée par Marine Le Pen si aucun débat n’était organisé, le ministre affiche sa sérénité : « Le RN n’a pas les moyens de censurer. Même allié à la France Insoumise, cela ne suffirait pas. »
Enfin, il défend la ligne du gouvernement : sortir des énergies fossiles pour renforcer la souveraineté énergétique du pays. À ceux qui rejettent les renouvelables, il rappelle que le nucléaire seul ne suffira pas à court terme : « Refuser les renouvelables, c’est prolonger notre dépendance au gaz et au pétrole, et donc aux pays producteurs comme la Russie.»