L'annonce d'un projet d'arrêté qui entraînerait brutalement et rétroactivement les aides aux installations photovoltaïques sur toiture suscite une vive inquiétude chez les professionnels du secteur, les agriculteurs et les particuliers. Lors des questions au gouvernement au Sénat, le sénateur Jean-Jacques Michau, du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, a interpellé le gouvernement sur les conséquences d'une telle décision, dénonçant un coup de frein brutal à une filière essentielle de la transition énergétique.
Un choc pour les PME et le monde agricole
De nombreuses PME spécialisées dans l'installation de panneaux solaires sur toiture se retrouvent menacées par cette baisse soudaine des soutiens publics. Dans plusieurs territoires, notamment en milieu rural, ces entreprises jouent un rôle clé dans l' emploi local et le développement économique.
Les agriculteurs, qui comptent souvent sur ces installations pour diversifier leurs revenus, expriment également leur incompréhension. Face à la précarité de leur métier, l'énergie solaire constitue une source de revenus complémentaires, aujourd'hui mise en péril par la décision gouvernementale.
Quant aux particuliers, le décalage entre la suppression des aides en février et l'application du taux réduit de TVA (5,5 %) en octobre crée une incohérence qui risque de ralentir fortement le développement de l' autoconsommation, pourtant encouragée par l'État.
Un revirement surprenant après le Pacte Solaire
Jean-Jacques Michau a également rappelé qu'il y a moins d'un an, l'État signait un Pacte Solaire visant à soutenir l'industrialisation du photovoltaïque en France. Cette décision de réduction des soutiens publics apparaît donc comme un régime contradictoire, risquant de nuire aux objectifs nationaux en matière de transition énergétique.
Une justification économique et un appel à la concertation
Répondant aux inquiétudes du Sénat, la ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a défendu la stratégie du gouvernement en raison du fait que la priorité reste l'objectif de neutralité carbone à l'horizon 2050. Selon elle, la France doit ajuster sa politique énergétique en entraînant les surcharges budgétaires liées aux prix négatifs de l'électricité en journée et en favorisant les installations solaires de grande envergure plutôt que les petites unités de production, jugées trop coûteuses en raccordement.
Toutefois, elle a tenu à rassurer les acteurs du secteur en précisant que la consultation publique était toujours en cours et qu'aucune décision définitive n'avait été prise. Le gouvernement affirme être à l'écoute de la filière pour trouver un équilibre entre la transition énergétique et la maîtrise des finances publiques.
Une filière en péril ?
Malgré ces assurances, les professionnels du photovoltaïque redoutent des conséquences économiques lourdes , avec un risque de destruction de 60 000 emplois. Pour beaucoup, cette politique risque de freiner l'essor du solaire en France, alors même que le pays doit accélérer son indépendance énergétique et la décarbonation de son mix électrique.