Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie était l'invitée de France Info pour préciser la baisse du tarif réglementé qui doit intervenir le premier février prochain.
Journaliste : C’est la Commission de régulation de l'énergie qui propose le montant des tarifs réglementés aux pouvoirs publics. Sa présidente, Emmanuelle Wargon était l’invitée de France Info ce dimanche matin pour nous éclairer sur la baisse annoncée des tarifs réglementés.
Emmanuelle Wargon: Ces tarifs réglementés ont une vertu importante : ils amortissent les changements, car ils sont calculés sur les deux dernières années des prix de l’électricité. Au moment de la crise liée à la guerre en Ukraine, les prix ont fortement augmenté. Aujourd’hui, on en voit la fin, et le calcul pour le 1er février prochain entraînera une baisse très forte des tarifs de l’électricité.
Pour bien comprendre, avant la crise, le mégawattheure sur les marchés de gros était autour de 50 €. Pendant la crise, il est monté à 1 000 €, soit une multiplication par 20. C’était un choc énorme, et c’est pour cela qu’un bouclier tarifaire a été mis en place. Aujourd’hui, les prix sont revenus à environ 65-70 €. Cela les ramène dans une zone comparable à celle d’avant la crise, ce qui explique cette baisse.
Un premier impact avait déjà été ressenti plus tôt, mais c’est maintenant que nous verrons une diminution marquée. Le tarif réglementé, lui, s’ajuste avec un certain retard et reflète désormais la baisse des prix sur le marché.
Journaliste : Est-ce un tarif qui devrait se maintenir en 2025 ?
Emmanuelle Wargon : Oui, nous avons calculé une baisse d’environ 14 %, fiscalité comprise, qui devrait rester stable pour toute l’année 2025.
Journaliste : Vous évoquez une baisse de 14 %. Pourquoi pas 10 %, ou 20 % ? Comment ce chiffre est-il calculé ?
Emmanuelle Wargon : C’est un calcul précis, pas un choix arbitraire. Les tarifs réglementés dépendent du prix de l’électricité sur les marchés de gros, des coûts des réseaux et de la fiscalité. En gros, c’est comme si on achetait de l’électricité un peu chaque jour sur les marchés pour 2025, pendant toute l’année 2023 et 2024. À partir des cotations au 31 décembre, nous déterminons le prix moyen d’achat pour 2025. Ce calcul intègre une baisse d’environ 14 %, même avec une remontée de la fiscalité.
Journaliste : Cela représente quelle économie pour une famille de quatre personnes, par exemple, qui se chauffe à l’électricité ?
Emmanuelle Wargon : Une facture moyenne est d’environ 1 400 € par an. Avec une baisse de 14 %, cela représente presque 200 € d’économies par an, ce qui n’est pas négligeable.
Journaliste : Et pour les Français qui ne sont pas au tarif réglementé ?
Emmanuelle Wargon : Pour ceux-là, la baisse des coûts de l’électricité est déjà répercutée ou le sera lors du renouvellement de leur contrat. Cependant, les taxes et les coûts de réseau augmentent pour tout le monde. Si vous avez un contrat à prix fixe inférieur au tarif réglementé actuel, vous en bénéficiez déjà depuis quelques mois. Ces Français verront uniquement la hausse de la fiscalité et des tarifs de réseau.
Journaliste : L’Autorité de la concurrence a récemment suggéré de supprimer ce tarif réglementé, le jugeant parfois peu fiable ou non compétitif. Continuez-vous à le défendre ?
Emmanuelle Wargon : Absolument. Nous avons publié un rapport qui diffère de l’avis de l’Autorité de la concurrence. Ce tarif est utile pour ceux qui ne souhaitent pas se préoccuper de leurs contrats. Lissé sur deux ans, il permet d’éviter des variations importantes. Même si nous assistons aujourd’hui à une baisse marquée, ce tarif reste pertinent pour amortir les chocs.
De plus, il sert de boussole sur le marché. Par ailleurs, nous travaillons avec les fournisseurs alternatifs pour garantir la qualité des offres disponibles et assurer une bonne concurrence sur le marché de l’électricité.
Journaliste : Merci, Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie, d’avoir été avec nous ce matin sur France Info.