Ces deux dernières années, les investissements de Pékin ont conduit à un déséquilibre gigantesque entre l'offre et la demande, faisant fondre les prix. Mais les acteurs chinois, eux-mêmes, commencent à souffrir de la situation et la tendance pourrait s'estomper.
Au cœur de l'été, l'avertissement sur résultats de LONGi est presque passé inaperçu. Il marque pourtant, peut-être, un tournant sur le marché des panneaux solaires. La perte enregistrée par le géant chinois des modules photovoltaïques est considérable : 5,5 milliards de yuans sur la première moitié de l'année, soit près de 770 millions de dollars (700 millions d'euros), alors même qu'il affichait, un an auparavant, un profit de près de 1,3 milliard de dollars.
La tendance a commencé à s'inverser en fin d'année 2023 pour LONGi. Quelques semaines plus tard, le groupe annonçait qu'il se séparait du tiers de ses effectifs ! Pas moins de 25.000 salariés ont été licenciés.
Le retournement de tendance était prévisible. Les capacités de production chinoises ont atteint le double de la demande mondiale l'an dernier, selon Goldman Sachs. Les usines n'y sont utilisées qu'à 44 % de leurs capacités.
80 % des capacités mondiales
La situation est le résultat d'un plan d'investissement gigantesque de Pékin, qui n'a pas levé le pied malgré les alertes successives. Selon Wood Mackenzie, les capacités de production chinoises de modules solaires ont été presque triplées sur la seule année 2022, passant de 198 GW par an à 562 GW par an. Puis elles ont de nouveau été quasiment doublées l'an dernier, grimpant à près de 1 TW par an - c'est plus que la demande prévue en… 2035 (980 GW selon Oxford Economics). Cet appétit sans fin fait que la Chine se retrouvait, en ce début d'année, à la tête de 80 % des capacités de production mondiales.