Le 9 février, André Joffre, le vice-président d’Enerplan, remarquait, non sans ironie : "On a un ministre de l’énergie, c’est déjà ça !" Il ne place pas la barre trop haut. André Joffre, c'est l'homme qui, en décembre 1982, a fondé, Tecsol, un bureau d’ingénierie spécialisé dans tout ce qui est solaire, thermique ou photovoltaïque. Il est en toujours le président du conseil d’administration.
Grâce à une équipe de 40 ingénieurs répartis au sein du siège à Perpignan, en sus de sept agences régionales, Tecsol accompagne maîtres d’ouvrage publics et privés dans le déploiement de leurs projets. André Joffre a longtemps présidé Enerplan, le syndicat des Professionnels de l’Énergie Solaire. Il n’en est plus aujourd’hui que le vice-président émérite.
Daniel Bour, de la Générale du Solaire, en assure la présidence. Depuis juin 2005, André Joffre préside le Pôle de Compétitivité à Derbi, à Perpignan, un accélérateur d’innovation au service de la transition énergétique. En outre, il préside la Banque Populaire du Sud et de la Fédération Nationale des Banques Populaires.
Bref, quand on veut un regard, à la fois d’expérience et original, sur le photovoltaïque, on l’appelle. Le fait que l’énergie soit désormais rattachée à Bercy ne l’effraie pas outre mesure. Il estime plutôt que l’on passe de l’usage final à une réflexion sur l’industrialisation. Bien sûr, le nucléaire domine dans la politique publique de l’énergie, mais André Joffre souligne qu’il y a déjà deux projets de gigafactories de panneaux photovoltaïques en France : celui de Holosolis, en construction à Hambach en Moselle, avec une capacité de 5 GW/an, la plus importante d’Europe, et celui de Carbon à Fos-sur-Mer, qui veut produire 5 GW/an de cellules photovoltaïques et 3,5 GW/an de modules photovoltaïques.
Mais, souligne André Joffre, "si la filière photovoltaïque en France ne manque pas de projets, elle manque par contre de bras à tous les niveaux, des ingénieurs aux monteurs, en passant par les techniciens". Il déplore donc l’insuffisance de la formation, malgré l’engouement des étudiants. Ainsi, par exemple, à l’école d’ingénieurs SUP ENR de Perpignan, les promotions sont d’environ 60 personnes par an pour... 2 000 candidatures annuelles ! Dès lors, le Pôle Derbi, avec l’aide de la région Occitanie, entreprend d’augmenter l’offre de formation, tant initiale que continue. Mais ça ne résoudra pas le manque de bras. Sur les gros chantiers photovoltaïques, les entreprises font venir du personnel d'Espagne, ou bien d’Europe Centrale.