On l’a souvent dit et répété, la France est la mauvaise élève de l’Europe en matière d’objectifs d’énergies renouvelables. Tous les autres pays ont atteint ou même, dans la majorité des cas, dépassé leurs prévisions. Le gouvernement n’a pas fait le job, il n’a pas permis à la France de remplir ses objectifs fixés à 23 % en 2020. Un échec ! Au nom d’une certaine fatuité et des incantations proférées autour d’un mix énergétique d’ores et déjà fort décarboné par le jeu d’un atome omnipotent…
Mais le nucléaire n’est pas du renouvelable, n’en déplaisent à certains. Sur le renouvelable, la France n’a pas été à la hauteur. Elle a joué petit bras à grands coups de chausse-trappes, de moratoires et de procédés dilatoires pour retarder inexorablement l’éclosion du solaire et de l’éolien. Résultats : à la date butoir de 2020, la France ne comptait que 19 % de renouvelable dans son mix énergétique. Fin novembre, lors de l’examen du projet de loi Industrie verte par la commission des affaires économiques et la commission du développement durable, Agnès Pannier-Runacher a glissé devant les députés présents : « La France, ça lui coûte 500 millions d’euros cette année de ne pas avoir fait son développement des énergies renouvelables ». Une bagatelle !
La ministre a aussi rappelé au cours de cette séquence que les énergies renouvelables allaient générer en 2022 et 2023 près de 31 milliards d’euros de gains pour l’Etat. C’est l’équivalent de ce qui a été investi ces deux dernières années dans la filière. On pourrait appeler cela une double peine : écoper d’une pénalité de 500 millions d’euros pour ne pas avoir su ou voulu déployer des énergies renouvelables devenues extrêmement rentables pour le budget de l’Etat. Et pan ! sur les doigts…
Gouverner, c’est prévoir. Alors que faire pour éviter que la sanction ne retombe ? Les textes européens prévoient que dans le cas où un pays n’a pas rempli ses objectifs, celui-ci peut s’arranger avec des pays qui avaient fait mieux que prévu pour qu’ils lui transfèrent une partie de leur surplus contre rémunération. La France serait sur cette ligne et serait en tractation avec la Suède et l’Italie. Selon Libération, «40 térawattheures» manquent au compteur.
Une autre piste plus à la hauteur des enjeux des générations futures et des COP à venir, est d’aller plus loin et plus vite dans le sens de la loi d’accélération des ENR du mois de mars. Espérons une stratégie française pour l’énergie et le climat vitaminée à l’issue de la consultation ouverte jusqu’au 15 décembre, pour une année 2024 pleinement solaire.
Cet édito est issu de la dernière livraison du magazine PLEIN SOLEIL (numéro 82).