L'énergéticien français Engie a annoncé jeudi la revente à la société GreenYellow des 50% détenus dans leur société commune Reservoir Sun, spécialisée dans l'autoconsommation solaire, un désengagement dicté par la volonté de reprendre la main sur ce marché en plein boom.
Lancée conjointement en 2018 par Engie et GreenYellow, avec en ligne de mire le marché des ombrières solaires pour les parkings extérieurs ou de toitures solarisées, la start-up Reservoir Sun (80 salariés) devrait « faire 30 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2024 », selon GreenYellow.
« Le prix de la transaction valorise l'entreprise à 250 millions d'euros », a précisé à l'AFP Otmane Hajji, président fondateur de GreenYellow dont Reservoir Sun devient une filiale à 100%.
« C'est la plus grosse acquisition de GreenYellow cette année », a-t-il précisé, annonçant d'autres acquisitions supplémentaires à venir au Portugal et en Espagne.
GreenYellow, créé en 2007 par Casino, a été racheté l'an dernier par le grand fonds d'investissement français Ardian.
Reservoir Sun, avec 150 MW en exploitation pour 350 installations à fin 2023 et un pipeline de projets de 1,2 GW, détient environ 20% du marché français de l'autoconsommation solaire pour les entreprises tertiaires, industrielles et les collectivités, selon lui.
Pour Engie, « ce n'est pas un pas de recul sur le marché du photovoltaïque décentralisé, au contraire », a justifié à l'AFP Frank Lacroix, directeur général adjoint d'Engie, en charge des activités de la filiale Energy Solutions.
« On veut être en situation de pouvoir accélérer sur ce marché, chacun prend son indépendance », dit-il. Or, « quand on est dans une filiale à 50-50, on ne peut pas faire ça ». Le temps était venu « compte tenu de la taille de ce marché qui est amené à se développer très fortement, de pouvoir en France comme ailleurs développer tout notre savoir-faire industrie », a-t-il ajouté.
Le marché français de l'autoconsommation solaire a clairement le vent en poupe, selon le cabinet d'études Xerfi. Auprès des entreprises, il est « resté quasiment embryonnaire jusqu'en 2022 » mais « s'apprête à changer d'échelle » avec un parc installé qui « devrait plus que doubler d'ici 2025 puis presque tripler de 2025 à 2030 avec 23.000 unités installées », selon Xerfi.
Outre les prix élevés de l'énergie, ce marché de l'autoconsommation grande puissance va bénéficier notamment d'une réglementation de plus en plus favorable, avec l'obligation de solarisation pour les nouveaux bâtiments non résidentiels et les parkings de grande superficie.
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