Sous ce titre, Sharon Wajsbrot, journaliste au quotidien « Les Echos » publie un article sur la conséquence de la baisse des prix du photovoltaïque :
« Face à une nouvelle chute des prix liée à la concurrence « féroce » de la Chine, les producteurs s'alarment du risque de faillite en cascade. Ils en appellent à l'Europe pour sauver la filière et créer les conditions d'une relance de la production sur le sol européen.
C'est un « effet yo-yo » très difficile à gérer pour les derniers fabricants de panneaux solaires européens. Si ces derniers mois, au cœur de la crise de l'énergie et à la faveur des pénuries de matières premières, les prix des panneaux solaires se sont largement appréciés, c'est désormais l'effet inverse qui joue.
« En 2022, le manque de silicium et les tensions sur les matières premières avaient fait progresser le prix des panneaux de près de 50 % pour atteindre 35 centimes le watt . Or, depuis le début de l'année, les prix ont repris le cours de leur baisse, de sorte que nous sommes quasiment revenus sur la courbe initiale, avec des panneaux facturés près de 14 centimes le watt en Chine et 17 centimes en Europe », explique Xavier Daval, le président de la commission solaire du Syndicat des énergies renouvelables.
Une faillite en Norvège
Pour les fabricants européens qui pâtissent depuis la crise de l'énergie d'une inflation de leurs coûts, la situation est critique. En atteste, les cas du norvégien Norwegian Crystals, l'un des derniers fabricants de lingots européen (ces grands cylindres de silicium dans lesquels sont découpés la matière première des panneaux solaires), qui a été contraint de déposer le bilan fin août. Ces dernières semaines, NorSun, un autre fabricant norvégien, a indiqué suspendre par ailleurs sa production jusqu'à la fin de l'année.
Dans une lettre adressée au Parlement et à la Commission européenne, l'association professionnelle SolarPower Europe pointe un risque très concret de faillite pour les derniers producteurs européens et appelle à une « action immédiate » des pouvoirs publics en Europe.
« Les prix sont désormais sous les niveaux d'avant le Covid-19, rendant très compliqué la poursuite des ventes pour les sociétés européennes. Ces dernières courent le risque d'être déclarées insolvables car elles vont devoir déprécier leurs stocks », explique SolarPower Europe qui rappelle que l'exécutif européen s'est fixé pour objectif de rapatrier la production de 30 GW de panneaux solaires en Europe dans le cadre du « Net Zero Industry Act » et de regagner la souveraineté énergétique en Europe.
Des critères « hors prix » dans les appels d’offres
Cette nouvelle baisse des prix s'explique par un regain d'investissements dans des capacités de production en Chine destiné à gagner des parts de marché alors que la crise de l'énergie a donné un nouvel élan au marché du solaire dans le monde. « Cela a généré de larges surcapacités dans la chaîne de valeur, conduisant à une chute des prix du silicium, des modules, des batteries, etc. », explique encore le courrier adressé à l'exécutif européen.
Pour sauver les ambitions de relance du marché de l'Europe, SolarPower Europe préconise des mesures radicales. D'abord, dans l'urgence, le rachat par des véhicules européens des inventaires de modules des fabricants européens dont les dépréciations sont imminentes.
Ensuite, pour protéger le marché des produits chinois à prix cassé, l'association appelle à accélérer l'adoption du Net Zero Industry Act et à introduire dans les appels d'offres des différents Etats des critères « hors prix » permettant de privilégier des panneaux solaires produits au sein de l'Union européenne pour construire des centrales. »