Par Clara Trevisiol, co-fondatrice de Monabee, membre du collectif entrepreneurial LUCIOLE et vice-présidente de syndicat AuRA Digital Solaire
Plafonnement des hausses, chèques énergie, aides aux industriels… Les annonces se précisent depuis quelques jours pour rassurer les dirigeants et les particuliers à l’aube d’un hiver redouté. Ces solutions, qui ne sont pour l’instant que des rustines, vont également être soutenues par un Projet de loi d’accélération des énergies renouvelables. Mais ce qui se dessine semble encore insuffisant pour vraiment réduire la facture énergétique. Un pan entier est oublié : l’exploitation du bâti.
+ 20 € par mois. C’est, en moyenne, ce que va représenter la hausse du prix de l’énergie pour les ménages en février 2023. Une somme qui pourrait être considérablement réduite si l’on massifiait le recours aux énergies renouvelables et particulièrement au solaire. Cette source inépuisable est adoptée par de plus en plus de particuliers. Le SER (Syndicat des professionnels de l’énergie solaire) enregistre ainsi une hausse de 50 % de la demande en un an. Et les demandes d’information en ligne ont bondi de 600 % sur des plateformes comme Hellowatt. Leur objectif : autoconsommer et ainsi voir leurs factures diminuer. L’autoconsommation a l’avantage d’être rapide à déployer : il faut moins de trois mois pour installer et mettre en route une installation photovoltaïque résidentielle mais aussi professionnelle.
Les acteurs publics ont bien identifié le potentiel des ENR et préparent un Projet de loi d’accélération des énergies renouvelables. Au programme : des grands parcs photovoltaïques au sol, éloignés des lieux de consommation que sont les entreprises et les habitations. Cette vision a le mérite d’exister mais elle est loin d’être suffisante. Elle réduit le solaire à des installations massives, éloignées des zones de consommation, qui condamnent parfois des surfaces agricoles exploitables ou des zones forestières à préserver.
Le circuit court de l’énergie
L’avenir immédiat du solaire existe bel et bien : il réside dans le bâti. Toits de maisons mais aussi d’entreprises, de bâtiments publics, d’écoles ou d’autres infrastructures sont autant de petites centrales photovoltaïques potentielles. Le potentiel solaire inexploité sur les toitures est estimé à 363 GW selon l’ADEME. De quoi fournir les deux tiers de la consommation des ménages français ! Cette vision locale et diffuse de la production d’énergie solaire rapproche le producteur du consommateur, limite les problématiques d’équilibrage du réseau et offre des opportunités d’économies et d’indépendance immédiates.
L’autoconsommation apporte une solution concrète, rapide et facile à mettre en œuvre aux entreprises, qui luttent contre la volatilité des prix et tentent de préserver leurs marges. Et aux particuliers qui peuvent effacer jusqu’à 60 % de leur facture d’électricité grâce à de la pédagogie et des dispositifs connectés et intelligents de pilotage de l’énergie. En réduisant ainsi la demande en électricité des ménages, c’est de fait un outil efficace pour limiter l’impact du bouclier tarifaire sur les comptes de l’État.
Ce dernier pourrait ainsi consacrer ses aides à soutenir le développement de l’autoconsommation, notamment via la mise en place d’une TVA à taux réduite sur les installations solaires. Une récente directive européenne d’avril 2022 l’encourage d’ailleurs et certains pays européens s’en sont déjà emparé comme le Royaume Uni (TVA à 0%) et la Belgique (TVA à 6%) où le solaire fournit 30% de la consommation des ménages. Ce territoire, de la taille d’un département français, a réussi à déployer quatre fois plus d’installations solaires qu’en France…
Nous appelons aussi à un allègement des démarches administratives notamment en mairie pour accélérer les délais, particulièrement dans les zones classées. Arrêtons de considérer que les panneaux solaires sont inesthétiques et favorisons leur déploiement sur les toitures de France.
Le potentiel du bâti est gigantesque, ne l’oublions pas.