Nous reproduisons ci-dessous un article de Denis Dupont paru ce matin dans le journal « L’Indépendant ».
André Joffre, le patron de la société perpignanaise Tecsol, spécialisée depuis 40 ans dans les énergies renouvelables, estime que le prix du kilowattheure (kWh) ne va cesser d'augmenter. Arguments à l'appui.
C'est une évidence pour chaque foyer, le coût de l'énergie en général, celui de l'électricité en particulier, est élevé. Pour André Joffre ce n'est pas terminé. « On a vu ces derniers mois s'accélérer le phénomène, assure-t-il. On l'avait prévu, mais ce qui était envisagé sur 15 ans s’est déroulé sur deux ans à peine. À la sortie du confinement, la consommation de biens durables a fait surchauffer l'économie. Les industries sollicitées dans le bâtiment et dans toutes les activités ont consommé toujours plus d'énergie. Alors les prix du pétrole, du gaz et du courant ont commencé à flamber. »
La France est préservée (momentanément) par rapport à cette flambée des coûts de l'électricité grâce à ses centrales nucléaires (70% de sa consommation intérieure). Mais pas seulement. Actuellement le prix du kWh sur le marché international, tous les pays européens étant interconnectés, est de 50 centimes, avec des pointes à 65 centimes en juillet dernier. Il y a deux ans, le même kWh était à 4 centimes. « Et c'est là que l'on peut dire que le solaire rapporte aujourd'hui de l'argent à l'Etat, démontre André Joffre. EDF achète le courant produit par les particuliers avec leurs panneaux solaires à 6 centimes, mais le revend sur le marché à 50 centimes. Globalement, toute l'énergie renouvelable rapportera cette année à l'Etat 20 milliards d'euros. Cela a permis de fabriquer une cagnotte, un bouclier tarifaire, qui a empêché une augmentation du prix du courant pour le consommateur français. Mais cela ne va pas durer. Il va bientôt falloir payer le courant au vrai prix du marché, autour de 40 centimes, le prix varie tous les jours, mais c'est de cet ordre-là, au lieu de 20 centimes aujourd'hui. Bref pour tout le monde, la facture EDF va doubler... »
Solaire, en autoconsommation, la solution
Pour le patron de la société d'expertise, l’autoconsommation est une des solutions pour ne pas prendre en plein fouet cette augmentation. « Juste un exemple, poursuit-il, aujourd'hui avec les épisodes de canicule qui s'enchaînent, la climatisation devient de plus en plus nécessaire. Cela consomme du courant. Les panneaux solaires peuvent le fournir en direct. Nous avons d'ailleurs installé dans nos bureaux un système de refroidissement des locaux alimenté par 20 kW de panneaux sur le toit du bâtiment pour le démontrer. C'est une piste qui va intéresser les entreprises, les bureaux, et aussi de plus en plus le particulier. » Pour une maison individuelle, les spécialistes estiment que l'investissement s'élève à 10 000 euros environ. Amortissement : moins de 5 ans si le prix moyen serait de 40 centimes. « Quoi qu'il arrive, insiste encore le patron de l'énergie renouvelable, aucun retour en arrière ni dans le besoin de consommation ni dans un courant pas cher n'est envisageable. Le prix de l'électricité ne baissera plus. C'était écrit, et même si on ne s'attendait pas à ce que ce soit aussi rapide, c'est là. »
Energies renouvelables : l'éolien face à la baisse de la tramontane
Il ne faut pas oublier dans les énergies renouvelables l'éolien qui lui aussi est compétitif, surtout en hiver lors des épisodes les plus venteux. Problème, la baisse constatée de la fréquence de vent durant une partie de l'année. L'éolien est évidemment sujet aux variations climatiques et l'évolution des périodes de vent. Les investisseurs qui travaillent dans le domaine de l'éolien sont très attentifs dans notre région sur le phénomène de baisse de la présence de la tramontane. Avec des amortissements qui sont étalés sur plus de 40 ans, il est nécessaire d'être sûr de son coup. Avec les éoliennes, pas de vent, pas de courant. Heureusement que le soleil est toujours là, lui.