« Le paysage énergétique de la France doit se réorganiser autour de deux sources d’énergie : le nucléaire, historique, et les énergies renouvelables, émergentes. L’objectif de cette note est de montrer que, parmi ces dernières, aucune n’a jusqu’ici fait preuve d’autant de qualités et d’atouts que le solaire ».
À propos de l’auteur :
Pascal Lorot est le président de l’Institut Choiseul. Il fut notamment membre du Collège de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), chef économiste du groupe Total, conseiller du ministre de l’Économie et des Finances ou encore conseiller du président de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD, Londres).
Pascal Lorot est docteur en économie et docteur en science politique et, par ailleurs, l’auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages portant sur l’économie, la géopolitique et les questions stratégiques.
Synthèse
Nous faisons collectivement face à une double urgence énergétique : d’une part, l’électrification massive de nos modes de vie ne fera qu’augmenter à l’avenir et nous impose de produire toujours plus d’électricité, avec une augmentation estimée à 35 % par RTE. D’autre part, la prise de conscience de l’urgence climatique dans laquelle nous évoluons s’accompagne d’un impératif clair : le besoin de décarboner le plus possible la production de notre énergie et atteindre une neutralité carbone d’ici 2050, comme nous nous y sommes engagés dans le cadre de l’accord de Paris.
Face à cet état de fait, la France doit trouver la solution d’avenir qui correspond le mieux à son histoire, ses capacités, son paysage énergétique, et surtout aux Français. En effet, un nouveau projet énergétique ne pourra réussir qu’en étant celui du plus grand nombre. Dans les temps mouvementés qui s’annoncent, l’énergie ne peut être un nouveau sujet de discorde entre les Français, mais au contraire faire partie intégrante du projet de société qu’il convient de proposer aux Français pour atteindre les objectifs environnementaux. Ces impératifs ne peuvent être envisagés ni vécus seulement comme des contraintes imposées à nos modes de vie.
Les choix qui seront faits en cette année 2022 engagent la France pour les prochaines décennies. Dans le contexte de l’élection présidentielle et des élections législatives qui la suivent, le champ des possibles s’ouvre et les projets de société doivent être mis sur la table et débattus.
Le constat est désormais largement partagé sur le fait que le paysage énergétique de la France doit se réorganiser autour de deux sources d’énergies: le nucléaire, historique, et les énergies renouvelables, émergentes. L’objectif de cette note est de montrer que, parmi ces dernières, aucune n’a jusqu’ici fait preuve d’autant de qualités et d’atouts que le solaire. Énergie 100% compliant, le solaire est propre, adaptable aux circonstances, largement accepté par une grande majorité de Français. Il doit à ce titre se placer au cœur de notre nouvelle stratégie énergétique.
Plus spécifiquement, il s’agit de concentrer les efforts sur le photovoltaïque dit « résidentiel », c’est-à-dire celui du plus grand nombre, du quotidien. C’est au niveau de l’usage individuel, par les particuliers, que se trouve le levier d’un changement d’échelle pour faire de la France une Solar Nation. Par Solar Nation, nous entendons un pays qui, de manière concertée et ambitieuse, par ses politiques publiques et notamment sa politique industrielle, dans ses usages individuels et collectifs, par toutes les forces vives économiques, sociales et politiques qui le composent, fait le choix assumé de l’énergie solaire et en premier lieu du photovoltaïque résidentiel comme première source d’énergie renouvelable pour effectuer sa transition énergétique.
La filière photovoltaïque résidentielle a gagné en maturité technologiquement et est prête à monter en puissance. Les Français doivent s’en emparer, et semble déjà le plébisciter : selon une étude d’Harris Interactive réalisée pour l’Institut Choiseul, plus de 9 français sur 10 (91 %) déclarent avoir une bonne image de l’énergie solaire.
Mais cela ne se fera pas sans la volonté forte des pouvoirs publics et des mesures réglementaires de soutien à tous les échelons pertinents. La structuration d’une filière d’amont et d’aval garantira la création de valeur ajoutée de bout en bout sur tout le territoire. Le déploiement d’un récit de société cohérent et de mesures incitatives souples devra permettre de convaincre le plus grand nombre.
Nous proposons un projet énergétique ambitieux basé sur le développement massif du solaire résidentiel et articulé autour de 6 mesures clés :
- Repenser la fiscalité à destination des particuliers et permettre un élargissement du taux réduit de TVA pour débrider les installations solaires et ainsi dépasser le seuil des 3 kWc ;
- Parallèlement, mettre en place en place une politique de subventions publiques ciblées pour soutenir tant l’installation que l’autoconsommation et la vente d’électricité ;
- Mobiliser tous les échelons politiques, administratifs, géographiques, des régions jusqu’aux EPCI, en passant par la création d’un Haut-Commissariat à l’énergie solaire, pour accompagner au mieux et à chaque échelon de décision le développement du photovoltaïque ;
- Structurer une filière industrielle de fabrication et de retraitement de panneaux solaires avec un relocalisation française pour créer une véritable dynamique circulaire bénéficiant l’ensemble du territoire ;
- Développer la formation dans les métiers du solaire, vecteurs d’emploi et d’insertion sur tout le territoire, en améliorant la formation professionnelle et en développant des écoles et des parcours dédiés ;
- Promouvoir une « Solar Culture » par de la sensibilisation et des actions participatives et citoyennes pour faire adopter par le plus grand nombre les technologies et pratiques associées au photovoltaïque, et donner une place plus importante au solaire dans le débat public.
C’est à l’aune de ces recommandations que la France peut devenir une Solar Nation prête à relever les défis énergétiques de demain.
Téléchargez la note « Faire de la France une solar nation »
Les notes stratégiques
Adressées aux acteurs économiques, institutionnels et politiques mais aussi à un public averti, les Notes Stratégiques de l’Institut Choiseul ont vocation à analyser et éclairer les principaux débats économiques, sociaux et politiques sous le prisme des ruptures géopolitiques et géoéconomiques à l’œuvre dans le monde contemporain.