Jeudi 10 février dernier, à Belfort, en présence très symbolique, du souverainiste Jean-Pierre Chevènement, Emmanuel Macron a annoncé, à moins de soixante jours du premier tour des élections présidentielles, vouloir “reprendre en main le destin énergétique et donc industriel de la France.” Le président a ainsi dévoilé un vaste plan de relance du nucléaire civil avec la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR2 en France. Il a par ailleurs dessiné la perspective de huit EPR2 additionnels, chantier qui fera l’objet d’études. Côté renouvelables, le solaire tire plutôt bien son épingle du jeu selon le Syndicat Enerplan !
Emmanuel Macron souhaite donc la construction de six nouveaux EPR de nouvelle génération (EPR 2) et l’étude de la mise en chantier de huit autres avant 2050. “Pour augmenter la production électrique, il nous faut, à côté des énergies renouvelables, reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France”, a déclaré le chef de l’Etat, annonçant avoir demandé à EDF d’étudier la prolongation de ”tous les réacteurs qui peuvent l’être” au-delà de 50 ans.
Nucléaire et EnR en même temps
En fait, le président défend « deux piliers » : le nucléaire et les énergies renouvelables. Fidèle à son principe du « en même temps ». Emmanuel Macron a jeté l’opprobre sur ceux qui veulent développer « uniquement le solaire et l’éolien », ainsi que ceux « qui prétendent qu’il faut miser à 100 % sur l’énergie nucléaire et qu’on pourrait arrêter tous les projets solaire et d’éolien en France ». « Aucun expert ne dit que ces deux schémas sont réalistes, sérieux, possibles pour la nation », a estimé le chef de l’Etat. « La réalité, et ce que nous montre au contraire l’étude de RTE [Réseau de transport d’électricité], c’est que nous n’avons d’autre choix que de miser en même temps sur ces deux piliers [le nucléaire et les énergies renouvelables]. C’est le choix le plus pertinent d’un point de vue écologique et le plus opportun d’un point de vue économique. Enfin, le moins coûteux d’un point de vue financier. C’est donc pour cela que c’est le choix que nous allons poursuivre », dit Emmanuel Macron. L’heure serait donc venue d’« une France qui renoue avec sa grande histoire industrielle regarde l’avenir et montre le chemin. Oui, le temps de la renaissance nucléaire est là », a encore déclaré Emmanuel Macron, avant d’ajouter : « La France fait le choix du climat : en se donnant les moyens d’atteindre ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, c’est d’être l’une des plus grandes nations à sortir de sa dépendance aux énergies fossiles. La France fait le choix de l’industrie et de l’emploi, et nous parlons là uniquement au sujet de l’EPR : de 220 000 emplois préservés, poursuivis, renouvelés et de plusieurs dizaines de milliers d’emplois créés. La France fait le choix aussi du pouvoir d’achat avec une vraie stratégie, car, à terme, le nucléaire et les énergies renouvelables fourniront une énergie moins chère et à l’abri des turbulences du marché ».
Un effort particulier sur le solaire, la filière est mobilisée
Justement en matière de renouvelables, Emmanuel Macron a plaidé pour un développement massif d’ici 2050. “Nous avons pris du retard”, a reconnu le chef de l’Etat. Concernant l’énergie solaire, «nous multiplierons par dix la capacité du solaire d’ici 2050» a-t-il asséné visant ainsi les 100 gigawatts. Et de se faire plus précis encore. Le président de la République a dénoncé la multiplication « des couches réglementaires » qui ont « retardé les projets », évoquant « cinq ans de procédure » pour faire naître un parc solaire, et a dit vouloir lever « toutes les barrières réglementaires à partir du moment où les projets seront acceptés localement ». « Un effort particulier » sera consacré au solaire, « parce qu’il est moins cher et s’intègre plus facilement dans le paysage », a-t-il détaillé, « en veillant à un juste équilibre entre les installations en toiture et celles aux sols ».
Verbatim
« En priorité le solaire, parce qu'il est moins cher et qu'il s'intègre plus facilement dans le paysage, fera l'objet d'un effort particulier.
D’ici 2050 nous multiplierons par près de dix la puissance installée pour dépasser 100 gigawatts en veillant à un juste équilibre entre les installations en toiture et celles au sol. Là aussi, soyons pragmatiques. Sur le solaire, si nous savons adapter les capacités à développer des projets sur les emprises commerciales, si nous optimisons nos déploiements sur les emprises de l'Etat, en particulier militaires, si nous développons les projets dans l’agrivoltaïsme, dont nous sommes en train de finaliser les règles, et qui seront une source de revenus complémentaires pour nos agriculteurs, nous avons la capacité de déployer ces projets de manière harmonieuse.
De la même manière, ce que nous sommes en train de faire, est de rebâtir des filières industrielles françaises, pour produire l'ensemble des techniques nécessaires au déploiement du solaire. Car il faut bien le dire, il y a vingt ans de cela, l'Europe, par naïveté ou par fatalité, à laisser à d'autres continents le soin de produire des technologies et les filières industrielles qui étaient derrière ces déploiements.
Nous devons là aussi être cohérent et permettre à travers ces investissements, la visibilité que nous nous donnons, un cap à 2050, d'investir dans les industries, la valeur ajoutée, la production et que ce déploiement profite aussi à de l'emploi en France, à de l'innovation en France et à des déploiements technologiques. Plusieurs projets sont en train d'arriver à maturité c'est là aussi au cœur des investissements de France 2030 et des projets que nous menons avec la Commission Européenne. J'aurai l'occasion les 10 et 11 mars prochains d'avoir un échange avec plusieurs confrères sur ce sujet lors du sommet exceptionnel qui se tiendra en France ».