Pascal Canfin, président de commission de l'environnement du Parlement européen est intervenu en visioconférence lors du dernier colloque de l’Union Française de l’Electricité. Deux sujets ont été abordés par le député européen, la « taxonomie européenne » sur laquelle nous reviendrons dans la lettre de demain et la construction des batteries en Europe dont les propos sont reproduits ci-dessous.
« Je vous donne un exemple concret, celui des batteries. La batterie c'est un objet industriel clé de la transition écologique. C'est vrai pour l'énergie, le stockage lié à l'intermittence des renouvelables, c'est aussi vrai, bien évidemment pour les voitures et l'électro-mobilité. On voit quand on additionne ces deux secteurs que l'objet batterie est absolument fondamental et c'est pour cela que nous avons une directive spécifique sur les batteries qui devrait être adopté dans sa version finale sous présidence française, probablement avant l'été. Nous sommes en train de négocier le fait de massifier considérablement la production de batteries en Europe à la fois par l'investissement et par les standards. Les standards, c'est la directive, c’est-à-dire qu’en gros on met des standards qui améliorent considérablement les exigences environnementales des batteries. Que ce soit en amont, sur les matières, le minier etc., que ce soit sur l’aval avec la recyclabilité puis le recyclage ou la réutilisation de la batterie pour avoir une deuxième vie, une troisième vie.
Et puis le deuxième élément c'est le fait que cette batterie meilleure sur le plan environnemental, soit produite en Europe. Et là, il faut regarder la réalité en face, on était nulle part il y a cinq ans, on importait 100% des batteries qu'on faisait, maintenant vous avez des Gigafactory qui sont déjà construites, d’autres en construction, quasiment partout en Europe, à l’Est comme à l’Ouest, ce qui est politiquement très important. Donc on a été capable, c'est un très bon exemple, en faisant l'Alliance pour les batteries, en changeant le régime des aides d'Etat, etc. on a été capable de mobiliser la capacité financière et la capacité industrielle autour d'un objet clé de la transition. C'est je pense un très bon exemple de la capacité de l’Europe à mettre en œuvre ce que nous appelons un concept clé qui est « l'autonomie stratégique », qui est de dire quand on s'aperçoit qu'un objet industriel est un enjeu stratégique majeur, et c'est le cas par exemple pour les semi-conducteurs aujourd'hui ou pour d'autres sujets, eh bien on doit être capables de le produire en Europe aussi, pas forcément à 100% on n’est pas dans un monde fermé évidemment, mais notre capacité de résilience doit être là, et notre capacité industrielle ou est là, et je trouve que la batterie, qui était un échec il y a cinq ans, est en train de devenir plutôt une success-story et je m'en réjouis »