Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, était l'invitée du « 8h30 franceinfo » le 3 novembre dernier. Elle répondait aux questions de Marie Bernardeau et Jean-François Achilli.
Marie Bernardeau : Barbara Pompili, vous annoncez ce matin un plan pour accélérer le développement du photovoltaïque, du solaire, chez nous en France. Pourquoi ? Parce qu'on est très en retard ? Il consiste en quoi ce plan ?
Barbara Pompili : En fait ce plan c'est de déployer au maximum le photovoltaïque parce que on a besoin d'un grand plan, plus général, de développement des renouvelables. Je vous rappelle qu’on a deux objectifs, quand on est ministre de l’énergie comme moi, c'est baisser nos émissions de gaz à effet de serre et assurer la sécurité énergétique de notre pays. C’est-à-dire que chacun puisse avoir accès quand même à électricité.
Jean-François Achilli : 2021, Barbara Pompili, le photovoltaïque ça existe depuis si longtemps. Pourquoi là, maintenant ?
Barbara Pompili : Parce que pendant trop longtemps on a sous-investi dans les renouvelables en général pour des questions, qui étaient des questions d'opportunité ou de choix, mais qui ne tenait pas compte en fait de la réalité de ce dont nous avons besoin. Aujourd'hui je rappelle…
Jean-François Achilli : …réveil tardif quand même non ? C'est parce que l'éolien ça ne marche plus, c’est plus populaire, donc on revient aux panneaux solaires ?
Barbara Pompili : Il faut développer tout. Il faut développer toutes les renouvelables…
Jean-François Achilli : Nous sommes en fin de quinquennat…
Barbara Pompili : Il faut développer tous les renouvelables et depuis le début du quinquennat on met six milliards par an pour tous les renouvelables. Donc, on n'a pas commencé maintenant est d'ailleurs les professionnels le disent. Ça a évolué beaucoup depuis le début du quinquennat, mais là on a mis en place et j'ai demandé, le gouvernement a demandé à RTE de nous faire des scénarios pour justement nous projeter dans l'avenir et savoir ce dont on a besoin. RTE nous dit deux choses, si on veut baisser nos émissions de gaz à effet de serre, je vous rappelle que c'est depuis 2019 qu’on a un objectif de neutralité carbone en 2050 pour respecter les accords de Paris. Pour baisser nos émissions de gaz à effet de serre, il faut d'abord qu’on fasse des économies d'énergie et c'est là-dessus qu'on a beaucoup travaillé par le biais de ma MaPrimeRénov’ pour rénover les logements etc. Mais on a aussi besoin d'augmenter notre part d'électricité, pourquoi ? Parce que je rappelle que les deux tiers des énergies qui sont consommés en France sont des fossiles, du gaz et du pétrole…
Jean-François Achilli : Personne n’ira vous contredire là-dessus…
Barbara Pompili : Donc, il faut qu’on passe à l'électrique…
Marie Bernardeau : comment ?
Barbara Pompili : Il va avoir besoin de plus d'électricité
Jean-François Achilli : Donc acheter des panneaux aux Allemands et aux Chinois, parce que nous, nous n’en produisons plus ?
Barbara Pompili : On n’en produit quasiment pas, pour encore une fois, des raisons historiques sur lesquels je ne m'étendrai pas, mais moi ce que je voulais et que je veux c'est qu'on développe le photovoltaïque. Aujourd'hui on est à 12 gigawatts on a besoin d'ici 2028 de multiplier par 3 les installations et d'ici 2050 de multiplier par au moins 7 nos installations photovoltaïques. Donc c'est beaucoup, pour cela…
Jean-François Achilli : Il n'est jamais trop tard c'est ça l'idée en fait ?
Barbara Pompili : Pour cela on a déjà commencé dans la loi « climat et résilience » notamment à obliger, quand il y a des nouveaux bâtiments, des hangars, des bâtiments industriels à mettre du photovoltaïque sur les toits dès lors qu’ils dépassent une certaine surface. On va le faire aussi maintenant sur les friches et ça c'est ce que c'est ce que je vais annoncer notamment cette après-midi, on a un potentiel de 8 gigawatts sur des friches qui aujourd'hui ne servent à rien sur lesquels on peut mettre du panneau solaire…
Marie Bernardeau : Et sur des aires d'autoroute Barbara Pompili
Barbara Pompili : bien sûr, oui on a on a un potentiel sur toutes les zones qui sont gérés par du public ou des collectivités locales, on est en train d'exploiter et on estime qu'on veut avoir mille projets d'ici 2025. C'est un petit clin d'œil, un petit symbole, mais c'est vraiment pour dire qu'on va accélérer. Ce qu'on veut c'est déployer tous les espaces où on peut mettre du photovoltaïque tout en faisant attention de ne pas faire de l'artificialisation des terres, donc c'est tout un travail qui est un travail de couture presque, mais on va aussi mettre en place des conseillers pour aider les collectivités à pouvoir le faire…
Jean-François Achilli : …Il n’y a pas de production de panneaux photovoltaïques en France ? Pas de retour de la production de panneaux en France ? Nous allons les acheter à l’étranger ?
Barbara Pompili : Mais nous avons déjà en France, j'ai en tête au moins six sites industriels où on fabrique des panneaux photovoltaïques, notamment d'ailleurs des sites qui sont très innovants. Par exemple un site à Châtellerault qui fait des tuiles solaires donc qui ressemblent à des vraies tuiles pour lesquelles on a apporté des aides pour développer cela…
Jean-François Achilli : Il reste trois fabricants, Barbara Pompili, dont Photowatt qui est une filiale d'EDF, la maison mère qui n'a pas même réussi à trouver repreneur, qui est en train de fermer également donc il faudrait relancer la production, en réalité il n'y a plus de production de panneaux photovoltaïque en France…
Barbara Pompili : …absolument et c'est pour ça que dans le plan de relance et dans le plan France 2030 on accélère la possibilité de faire des industries autour des renouvelables afin que l'on construise nos panneaux en France. Aujourd'hui on les assemble et on a encore une fois beaucoup d'innovations qui sont arrivés je moi j'incite beaucoup on a mis un tarif avantageux pour installer sur nos toits des panneaux qui ressemblent à des tuiles tout simplement parce que ça permet de garder aussi le paysage préservé paysages auxquels nous tenons tous
Marie Bernardeau : et ce photovoltaïque, ce développement-là, il vise à alimenter qui, quoi, dans quelles proportions exactement, et à quel terme ?
Barbara Pompili : il vise à alimenter tout le monde évidemment on a besoin d'augmenter notre taux d'énergie renouvelable dans notre pays. On a RTE qui nous a fait des scénarios et qui explique que d'ici 2050 au minimum la moitié de notre électricité sera produite par des renouvelables au minimum la moitié de notre électricité et il y a même des scénarios qui vont jusqu'à 100% de renouvelable. Ça demande une augmentation très forte de nos capacités de production, encore une fois pas seulement en solaire, mais le solaire on met le paquet parce que on est en retard sur ce sujet.