Alors que tous les regards se portent sur le Japon en cette période olympique, le pays vient de revoir nettement à la hausse son objectif de contribution de l’énergie solaire à l’horizon 2030.
Le Japon cherche à accroître la part de l’énergie solaire afin d'atteindre l’ambitieux objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’il s’est fixé pour 2030. Cela pourrait conduire à équiper de panneaux solaires les toits de chaque bâtiment, parking ou ferme du pays.
La troisième économie du monde vise une puissance de 108 gigawatts de capacité solaire en fonctionnement d'ici 2030, soit 70% de plus que l'objectif précédent. Le nouvel objectif intervient alors que le Japon a annoncé plus tôt cette année qu'il réduirait ses émissions de gaz à effet de serre de 46 % d'ici 2030 par rapport à 2013, renforçant ainsi l’engagement antérieur pris dans le cadre des Accords de Paris.
Le pays, à peu près aussi grand que la Californie mais avec une population trois fois plus importante, souhaite réduire sa dépendance aux combustibles fossiles mais ne dispose que d’un espace limité pour installer les centrales solaires et doit tenir compte d’un important courant antinucléaire. Le chemin à parcourir est encore long pour remplacer le charbon et le gaz naturel, qui produisent aujourd’hui plus de 70 % de son électricité.
Le Japon est déjà le leader mondial en termes de puissance solaire installée par kilomètre carré, et il reste peu de terres disponibles pour de très grandes centrales. Le pays devra donc se tourner vers une production solaire dite distribuée, qui utilise, à grande échelle, les petites toitures des bâtiments.
Selon le rapport du ministère de l'environnement, le Japon vise à atteindre un objectif solaire 2030 en mettant en œuvre plusieurs stratégies :
- 50% des bâtiments du gouvernement central et des municipalités seront équipés de panneaux solaires, ce qui représentera une puissance de 6 gigawatts.
- Encouragement du recours au solaire sur les bâtiments d'entreprise, les parkings, ce qui ajoutera 10 gigawatts.
- 4 gigawatts sur des terrains publics et des zones de promotion immobilière dans 1000 villes et villages.
Le ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie, qui actualise les objectifs de mix énergétique du pays, a organisé mi-juillet une réunion d'experts pour discuter de l'objectif solaire à l'horizon 2030.
Le Japon pourrait avoir besoin de 370 gigawatts de capacité solaire d'ici 2050 pour éliminer les émissions de carbone, selon une analyse du Central Research Institute of Electric Power Industry, une fondation qui étudie l'industrie électrique du pays. C'est plus de cinq fois supérieur aux niveaux actuels.
Afin d'atteindre cet objectif, chaque maison et immeuble d'appartements construits à partir de 2040 devra être équipé d'un panneau solaire. En outre, chaque ferme devra disposer d’une centrale solaire de 100 kilowatts de puissance, et le pays devra trouver de la place pour des dizaines de nouveaux méga-projets solaires dans chaque municipalité, selon l'analyse.
Le gouvernement prévoit d'étendre les centrales solaires sur des terres agricoles, tout en développant des technologies rendant compatible la production électrique et l’activité agricole.
S'il est possible d’équiper de panneaux solaires tous les logements nouvellement construits, ce sera plus difficile pour les bâtiments existants. Selon Takeo Kikkawa, professeur à l'université internationale du Japon, environ 35 % des bâtiments résidentiels existants sont dotés de dispositifs de résistance aux chocs sismiques qui rendent difficile l'installation de panneaux solaires.
En outre, les coûts des panneaux solaires au Japon sont parmi les plus élevés au monde, ce qui rend difficile la prise en charge des investissements par les ménages. Un soutien complémentaire du gouvernement sera alors nécessaire.
D'autres pays d'Asie dépendants des combustibles fossiles élaborent également des plans pour augmenter la production d'énergie solaire en utilisant les toits, une ressource inexploitée qui devient de plus en plus rentable au fur et à mesure que les coûts de l’énergie solaire baissent. La Chine a lancé un projet pilote d'énergie solaire distribuée sur les toits des bâtiments gouvernementaux, tandis que l’Australie généralise les installations résidentielles, grâce à des dispositifs financiers simplifiés.