Publiée la semaine dernière dans l’Usine Nouvelle, cette tribune « Sauver la filière solaire française » est cosignée par une dizaine d’acteurs du photovoltaïque français. Parmi les signataires : Pierre Cantrelle (DG de Voltec Solar), Véronique Charrier (CEO de Semco-Smatech), François Guérin (DG de Cetih), Eric Goubier (Technical product manager de Recom Silla), Hamlet Tuyan (CEO de Recom Silla), Lucas Weiss (DG de Voltec Solar), Yvan Trouillot (DG de ECM Greentech), Jean-Philippe Leray (dirigeant de Dome Solar).
Plusieurs directeurs généraux d’entreprises de la filière photovoltaïque française (fabricants de panneaux, équipementiers, etc.) avancent six propositions concrètes visant à sauver la filière solaire française, actuellement en difficulté face à une concurrence asiatique écrasante.
Tandis que la PPE (la nouvelle feuille de route énergie) fixe l’objectif de passer de 10GW à 44,5GW de production d’énergie solaire à l’horizon 2028, on estime qu’aujourd’hui 80 % des panneaux solaires installés en France sont fabriqués en Chine. Il y a actuellement un véritable paradoxe à vouloir déployer une politique d’énergies renouvelables à très bas coût tout en plaidant pour une (ré)industrialisation française. Il faut faire cesser cette posture antagoniste en réconciliant définitivement les EnR et l’industrie française, l’écologie et le social. Entrés en résistance et réunis autour d’une même volonté de faire bouger les lignes, nous, acteurs de la filière solaire française - fabricants de panneaux, équipementiers, etc. - ne voulons pas rester les bras croisés et voir mourir nos engagements pour la transition écologique, pour notre indépendance énergétique et pour nos emplois dans les territoires. C’est pour cela que nous formulons d’une seule voix des propositions concrètes et appelons à l’ensemble des décideurs politiques à s’en saisir. C’est une question de survie !
#1 Créer une éco-participation carbone. Dispositif fiscal appliqué uniquement sur les panneaux solaires, il permettrait de tenir compte de l’ensemble des impacts environnementaux des produits et de valoriser l’excellence environnementale. Cette éco-participation carbone aurait un impact positif sur l’ensemble de la chaîne de valeur (R&D, composants, recyclage, etc.). Et elle aurait un effet neutre sur le développement du PV si elle était redistribuée au travers des tarifs de rachat d’électricité photovoltaïque (voir proposition #2).
#2 Implémenter un bonus qui favorise les entreprises et les clients responsables. Nous proposons de mettre en place une bonification de 10 % du tarif de rachat de l’électricité photovoltaïque pour des valeurs carbone inférieures à 350 kg de CO2/kWc (calcul ECS). Ce bonus serait une incitation positive à choisir les fabricants les plus vertueux. Il pourrait être en partie financé par l’éco-participation carbone (voir proposition #1).
#3 Conditionner l’obtention de la prime à l’autoconsommation à un bilan carbone ambitieux. Nous proposons que tout panneau installé en autoconsommation doive disposer d’une valeur PEP Ecopassport inférieure à 1 000 kg de CO2/kWc pour être éligible à la prime à l’autoconsommation afin de favoriser le déploiement de modules produits localement.
#4 Maintenir la note carbone dans les appels d’offre. Le remplacement de la note carbone par le critère d’efficacité surfacique qui est actuellement envisagé donnerait une force supplémentaire aux acteurs étrangers. Nous plaidons donc pour un maintien pur et simple de la note carbone dans les nouvelles tranches d’appels d’offre publics, voir un renforcement de celle-ci.
#5 Conditionner le financement public à un contenu local. Nous proposons d’imposer aux banques et financeurs publiques, d’obtenir la garantie d’un contenu local en contrepartie du financement accordé aux commanditaires d’un projet de centrale solaire. Le pourcentage de contenu local doit être aligné sur les capacités disponibles en France afin de favoriser la consolidation de la filière dans sa globalité et pourrait être revu tous les deux ans.
#6 Faire de la RE2020 un booster de la transition énergétique. Nous proposons d’intégrer un niveau d’autoproduction minimum de 50 % dans les exigences de la RE2020 – en tenant compte pour le calcul de la consommation, en plus des usages basiques (système de chauffage, eau chaude sanitaire, ventilation, éclairage), l’ensemble des autres usages mobiliers (électroménager, TV, informatique, etc.) qui deviennent maintenant prépondérants. A l’heure où de nombreux pays basculent vers un habitat à énergie positive et que la Convention citoyenne pour le climat incite à développer le solaire résidentiel, la France doit inscrire cette ambition dans la RE2020.
Élus, politiques, décideurs, osez le solaire et entendez notre message. Inscrivez ces mesures dans la durée pour que la stabilité permette la renaissance d’une filière solaire française. Pour la transition écologique. Pour l’indépendance énergétique. Pour l’emploi dans nos territoires.