Bercy a allumé le feu avec la remise en cause des tarifs PV. Le ministère de la Transition Écologique organise dès le lendemain le contre feu et sort la lance à incendie. Dans un communiqué téléphoné daté du 17 septembre, le ministère de Barbara de Pompili annonce que l’Etat va engager un effort sans précédent en faveur des énergies renouvelables sur la base de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), publiée en avril 2020. De quoi faire passer la pilule aux développeurs photovoltaïques ?
Dans le projet de loi de finances pour 2021, le soutien aux énergies renouvelables sera accru au total de 1,3 Md€, soit une hausse d’environ 25%, pour dépasser les 6 Mds€, un record historique qui correspond à un doublement par rapport à 2012 » assure le communiqué de presse. La France a pris des engagements ambitieux de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Tous les secteurs sont concernés et notamment le secteur de l’énergie, qui constitue une part significative des émissions dans notre pays. Le pays est également engagé dans un mouvement de diversification de ses sources de production d’énergie pour renforcer la résilience de son système énergétique, sa sécurité d’approvisionnement et sa compétitivité.
Apologie de l’action du gouvernement en matière de gestion du photovoltaïque
S’agissant de la production d’électricité, le ministère de la Transition Énergétique annonce la multiplication par près de cinq de celle du photovoltaïque. « Grâce au soutien qui leur est apporté et à leur développement rapide, les énergies renouvelables électriques deviennent de plus en plus compétitives : les tarifs de soutien à l’énergie solaire photovoltaïque ont baissé de 40% depuis 5 ans. Depuis trois ans, l’Etat a par exemple permis l’installation de plus d’environ 2,7 GW d’électricité photovoltaïque. Rien qu’en 2019, près de 30 000 projets de production photovoltaïque ont ainsi par exemple pu être raccordés au réseau électrique. Depuis 2017, l’Etat a soutenu par appel d’offres plus de 10 GW de nouveaux projets d’énergie renouvelable, en majorité des projets d’installations solaires photovoltaïques, et prévoit de poursuivre cette ambition. L’Etat engagera ainsi chaque année de 3 à 5 Md€ de soutien public d’ici à 2028 pour des projets d’énergies renouvelables électriques » poursuit le communiqué dans un panégyrique de l’action photovoltaïque du gouvernement. Confronté à l’actualité, ces annonces sonnent creux.
Un bel exercice de communication à la manière de l’ancien monde
Le ministère décline ensuit les nouvelles mesures aptes à soutenir le développement du PV. Au-delà du soutien financier, l’Etat prévoit plusieurs mesures de simplification et d’accompagnement des énergies renouvelables, afin de faciliter et d’accélérer encore leur déploiement. La première d’entre elles, mise en exergue et très attendue l’introduction d’un nouveau guichet tarifaire permettant de soutenir des installations photovoltaïques sur toiture allant jusqu’à 500 kW de puissance (au lieu de 100 kW actuellement) sans nécessité de passer par un appel d’offres. Une annonce très attendue qui tombe comme un pansement sur la plaie béante de l’attaque portée sur les tarifs d’avant 2011. Barbara Pompili a déclaré : « Tout le monde ne le réalise peut-être pas, mais environ un cinquième de l’énergie produite en France aujourd’hui provient des énergies renouvelables. Les éoliennes, les panneaux solaires, le biogaz ou encore l’hydraulique ne sont pas des sources d’appoint pour notre pays, mais bien des piliers de la production française d’énergie. Cette performance est due à un soutien sans faille de l’Etat et à une professionnalisation constante du secteur, qui a su gagner en productivité et en efficacité ces dernières années. C’est un acquis majeur pour la résilience de notre système de production d’énergie et pour la lutte contre le réchauffement climatique. Plus que jamais, l’Etat investit pour renforcer cette dynamique : l’an prochain, le soutien aux énergies renouvelables sera augmenté de près de 25% pour dépasser pour la première fois les 6 Md€. L’avenir du pays passe par les énergies renouvelables, secteur créateur d’emplois et pilier de la transition écologique ». Mais que voilà un bel exercice de communication politique ! Le nouveau monde n’a rien perdu de l’ancien. En politique comme dans l’énergie, en proie au plus grand conservatisme…