L’énergie solaire, c’est bien mais quand il pleut qu’est-ce qu’on fait ? Et la nuit alors ? Voici l’argument numéro un des contempteurs ataviques de l’énergie solaire : son intermittence ou sa variabilité ! C’est selon. Cette arme de dissuasion sans cesse serinée par les détracteurs du photovoltaïque n’aura bientôt plus cours. Elle deviendra anachronique, sans fondement. L’intermittence se déclinera au passé. Le développement inéluctable du stockage compétitif passera par là. Et plus rapidement qu’on ne le croit. La révolution bat son plein.
La baisse fulgurante des prix du solaire couplée à l’augmentation des performances, on connaissait déjà et cela n’est pas prêt de s’arrêter. Pour les batteries, l’évolution est identique. Baisse des prix, accroissement des performances, investissements massifs dans l’industrialisation, les statistiques techniques, économiques et financières de l’essor du stockage suivent les mêmes courbes que celles du photovoltaïque. A vitesse grand V. Elon Musk vient d’annoncer une division par deux des prix du kWh stocké d’ici 2023 et le remplacement du cobalt des batteries par des nanoparticules de silicium, matériau abondant et peu couteux, comme pour les cellules solaires…
Ces évolutions sont confortées par l’éminent Docteur Stanley Whittingham, prix Nobel de chimie en 2019, qui fut « l’inventeur » de la batterie Lithium-ion en… 1972 et qui lors du récent sommet de l’Alliance Internationale du Solaire a plébiscité le couple solaire-stockage et prédit même la fin de la domination du réseau de distribution : « Le solaire, en sus du stockage, va nous aider à maitriser le changement climatique. Nous n'aurons pas besoin d’être à proximité du réseau. Ce nouveau paradigme va augmenter la résilience face aux catastrophes naturelles. Nous n'aurons plus besoin d'avoir des centrales qui polluent et nous pourrons donc, faire don à nos petits-enfants d'un monde plus vert. » Et cette tendance solaire-stockage est déjà entrée dans les faits. Pour preuve. Cet été, lors de l’appel d’offre lancé par le gouvernement portugais les ¾ des projets de centrales photovoltaïques comportaient du stockage. Ce qui relevait de l’exception va devenir la norme.
Pour ne pas être en reste de cette nouvelle compétition mondiale, la France est entrée de plein fer dans la course aux capacités de production de batteries autour de grands projets portés par « PSA-Total-Saft », « Forsee Power » ou encore « Envision » avec au total près de quatre mille emplois à la clé. Et ce n’est qu’un début. Qu’attend-t-on par ailleurs pour déployer massivement ces technologies dans nos « zones non interconnectées » de la France qui ont pourtant démontré leurs pertinences. L’Etat semble encore préférer les bonnes vieilles centrales électriques qui brulent du pétrole, à l’instar du projet de nouvelle centrale en Guyane. Comme un baroud d’honneur des jacobins de la politique énergétique…
Car c’est un truisme aujourd’hui. Le couple solaire-stockage constitue la « rupture technologique » que le monde attendait. Il représente la clé de l’avenir énergétique mondial, le facteur X de l’inexorable démocratisation de l’énergie solaire. Un cocktail détonant qui verra fleurir des micros réseaux locaux par millions sur la planète ! Au jeu des comparaisons, on pourrait évoquer la convergence du téléphone mobile et d’internet. La confluence des deux technologies a littéralement fait exploser un marché dont l’iPhone est devenu le symbole phare. Solaire et stockage, la future commodité mondialisée qui imposera son évidence à l’humanité qui va. Sans intermittence…