L’ADEME vient de publier une note sur l’utilisation des terres rares dans les énergies renouvelables et le stockage de l’énergie qui confirme que la consommation de terres rares dans ces secteurs est extrêmement faible. Cette publication dresse un état des lieux qui montre que les énergies renouvelables n’utilisent pas ou très peu de terres rares.
Contrairement à une idée reçue, elle rappelle tout d’abord que les technologies solaires photovoltaïques actuellement commercialisées ne contiennent aucune terre rare. Certaines utilisent des métaux qui peuvent être critiques, comme le tellure, le cadmium, l’indium ou encore l’argent, mais il ne s’agit pas de terres rares. Les technologies « couches minces » utilisant du tellure, du cadmium et de l’indium restent toutefois largement minoritaires sur le marché du photovoltaïque, les technologies au silicium (qui n’est ni une terre rare, ni un matériau critique en terme de risques sur les approvisionnements bien que d’importance stratégique forte pour l’industrie française) représentant quant à elles 80 à 90 % du marché.
La consommation de terres rares dans ce secteur des EnR réside essentiellement dans l’utilisation d’aimants permanents pour certains segments de marchés de l’éolien (essentiellement pour l’éolien en mer), de faible taille actuellement, mais en forte croissance. « A notre connaissance, aucune autre technologie de conversion des énergies renouvelables n’utilise les terres rares de manière significative » constate le rapport.
Concernant l’utilisation de terres rares dans les dispositifs de stockage adaptés aux énergies renouvelables, qui accompagneront le nouveau mix électrique, l’ADEME rappelle tout d’abord que le déploiement de stockage de masse ne sera nécessaire que pour les zones non interconnectées avant 2030 et plutôt après 2040-2045 pour la métropole, et que les technologies les plus déployées pour le stockage des énergies renouvelables n’utilisent pas, ou en très faible quantité, les terres rares. Parmi les batteries couramment utilisées, seules les batteries nickel-hydrure métallique (NiMH) comprennent un alliage de terres rares à la cathode, mais leur utilisation restera très marginale dans la transition énergétique. « Le SER se félicite que l’ADEME apporte des éléments concrets et factuels à cette discussion sur les terres rares, sujet sur lequel beaucoup de contre-vérités circulent aujourd’hui dans le débat public » déclare Jean-Louis Bal, Président du Syndicat des énergies renouvelables.
Petit rappel sur les terres rares
Les terres rares constituent un ensemble d’éléments métalliques du tableau périodique des éléments, aux propriétés chimiques très voisines. Contrairement à ce que leur nom peut laisser supposer, ces éléments ne sont pas rares : leur criticité est principalement liée au quasi-monopole actuel de la Chine pour leur extraction et leur transformation. La Chine réalisait environ 86 % de la production mondiale de terres rares en 2017. L’extraction des terres rares présente, comme toute extraction minière et de transformation métallurgique, des impacts environnementaux dont la modification des paysages, des sols et du régime hydrographique local. Les impacts diffèrent suivant les types de gisement. La spécificité environnementale de l’extraction des terres rares par rapport à d’autres métaux vient de la présence de thorium et d’uranium dans les gisements dits « de roches » qui induisent une pollution radioactive des différents rejets.