Nicolas Hulot a été récemment auditionné par la Convention citoyenne qui travaille sur un ensemble de mesures à mettre en œuvre pour protéger e climat. Voici le verbatim d’une partie de son exposé où il plaide pour une alimentation du pays à 100% en énergies renouvelables.
« Je crois, mais pas parce que j'ai rencontré madame Irma, parce que j'ai vu la promesse présente et à venir du potentiel des énergies renouvelables et je pense qu'il faut ne pas exclure (moi je préférais qu’on l’affiche) qu'on se donne deux options.
Premier objectif 50 % d'énergie renouvelable, 50% de nucléaire puisque pour la France, nous avons un parc et on ne ferme pas une centrale comme ça en fermant la clé. Utilisons ce parc, avec des critères évidemment de sécurité, le temps que ces centrales puissent continuer à produire de l'énergie mais fixons cet objectif de 50%. Il faut le programmer pour le faire, parce que ça veut dire que l’on va fermer ensemble de centrales, il faut regarder socialement, il faut regarder au niveau des territoires, est-ce qu’il y a des intérêts économiques, il faut planifier tout cela, ce que ce que l'on a commencé à faire. Et puis quand on sera à 50% - peut être peut-être en 2035 - on va y voir très clair et on verra si on peut aller probablement, moi j'en suis convaincu, aller jusqu'à 100% d'énergies renouvelables. Mais encore faut-il que l’Europe s’harmonise, encore faut-il qu’il y ait les bonnes interconnexions.
Quel est l'intérêt de produire majoritairement voire exclusivement pour la France, mais pour tous les états du monde son énergie à partir des énergies renouvelables, ce qui est un graal totalement possible ? Vous changez le rapport de force dans le monde, aujourd'hui un Etat et puissant quand il détient des réserves d'énergies fossiles et la majorité des conflits
auxquels nous avons assisté, le pétrole, le gaz, le charbon n'est jamais très éloigné.
Quand il y a eu la crise en Ukraine, pourquoi la France a regardé ses « pompes » ? Parce que si on haussait la voix Gazprom fermait le robinet du gaz. mais ce qui vaut pour la France vaut pour un Etat africain. Quand les Etats africains pourront produire leur énergie majoritairement avec le soleil, ils retrouveront leur dignité.
Je crois beaucoup aux énergies renouvelables, d'autant plus que le handicap des énergies renouvelables et l’avantage du nucléaire se sont totalement inversés. Le coût du nucléaire, qui était bon marché (parce que nous avions dissimulé des coûts, que nous avions masqués où nous ne les avions pas anticipés), et le coût des énergies renouvelables qui a chuté vertigineusement en même temps que le rendement s'est amélioré.
Si on veut emmener les gens, il faut avoir une vision, il faut avoir une ambition. On va rencontrer des aléas, mais on se dit « allez, l'objectif on verra, on fera peut-être un peu plus vite ». Ça les chinois au moins ils savent le faire, ils fixent des objectifs puis toute la machine se met en route puis pour finir ils réalisent leurs objectifs cinq ans avant.
Pour moi il faut un objectif de 100 % d'énergie, en tout cas ne pas l'exclure. Un objectif de 100 % d'agroécologie, en tout cas ne pas l'exclure. Et puis ensuite, les règlements, les aides,
les subventions, ont fait en sorte qu'elle soit cohérente avec ses objectifs. »
Question : « oui c'est bien de nous parler d'énergies renouvelables mais quelle est celle qu'il faut aujourd'hui mettre en place rapidement, celle qui est la plus importante. Ce que vous nous dites pour 2030 ou 2050, mais aujourd’hui ? »
Nicolas Hulot : « Pour moi, il faut investir dans l’efficacité, l'éolien terrestre et offshore, le solaire et je pense que pour moi le plus prometteur c'est le solaire, en sachant bien que l'éolien je comprends que ça puisse générer parfois des résistances.
Il faut comprendre que le politique est souvent soumis à des injonctions contradictoires. Quand j'étais ministre de l'énergie, enfin parait-il, tous les matins j'avais une pétition de citoyens qui étaient contre le nucléaire ou contre solaire ou contre les éoliennes ou évidemment contre les centrales thermiques. Donc, il y a des choix, et parfois ce ne sont pas des choix parfaits. C'est vrai que moi ça me gêne intellectuellement qu'on aille mettre des éoliennes en mer, mais il y a un moment où il faut faire des choix. Et puis, ce n'est pas irréversible on saura les démonter, maintenant et des éoliennes flottantes qui seront facilement démontables. Donc, il faut passer par cette transition, il y a des choses qui vont apparaître.
Je crois beaucoup en l'hydrogène mais pour l'instant il n'est pas encore mature économiquement parce que quand je vais vous lancez un peu un « plan hydrogène »,
dans la seconde j'étais retoqué par Bercy alors que l'on a toutes les entreprises pour cela et pendant que nous, on fait les choses à l'économie, toutes les nouvelles technologies
qu'elles soient solaires ou qu'elles soient des batteries ou que ce soit l'hydrogène elles vont arriver de Corée ou de Chine on va reproduire la même erreur ! »