Dans une interview parue dans l’édition de vendredi du journal « Le Monde », répondant à une question sur la position de la Commission de Régulation de l’Energie qu’il préside sur l’autoconsommation solaire, Jean-François Carenco (photo) déclarait ceci :
« Le Monde : En matière d’énergie solaire, la CRE est parfois accusée de ne pas être favorable au développement de l’autoconsommation…
Jean-François Carenco : C’est faux, et nous venons de mettre en place un tarif de réseau favorable à l’autoconsommation collective. C’est une très bonne chose que des gens souhaitent produire leur électricité. Mais cela ne peut pas se faire au détriment de la solidarité nationale. Il y a une ligne rouge à ne pas franchir : tout le monde doit contribuer à financer les réseaux. Sinon c’est du communautarisme énergétique ! Est-ce que l’on doit payer moins d’impôts parce qu’on vit au soleil ? »
Sur l’autoconsommation solaire collective, la CRE, qui a délibéré fort opportunément quelques jours avant l’adoption de la révision la directive européenne sur les énergies renouvelables, est désormais en contradiction avec celle-ci et la France devra se mettre en conformité dans les mois à venir. Déjà des pays comme l’Espagne ont légiféré (à la quasi-unanimité de l’assemblée nationale, seuls sept députés se sont abstenus) pour ouvrir les réseaux publics à la libre circulation de l’électricité solaire, sans taxe ni péage. La Belgique est en train de se doter d’un cadre administratif qui va dans le même sens.
Alors la position de la CRE apparait clairement comme un combat d’arrière-garde, pour défendre je ne sais quel pré carré. Comment justifier de faire payer « le coût du transport de l’électricité » pour les petites installations, y compris pour l’électricité qui circule à l’intérieur d’un même bâtiment de logements ?
L’intérêt général c’est de libérer les réseaux et de permettre aux entreprises du digital, très performantes en France, d’investir ce secteur et d’inventer les nouveaux services et les emplois de demain. Sans cela nous allons assister, lors de la construction de nouveaux quartiers, à la constitution de réseaux privés, avec les risques de fragmentation de la distribution que réprouve avec raison Jean-François Carenco. La vraie réponse au « communautarisme énergétique » c’est la liberté d’entreprendre sur le réseau public de distribution d’électricité, source d’innovations et de création de valeur.