Le Président de la République réunit aujourd’hui à l’Elysée les patrons des plus grands énergéticiens français (les dirigeants de Neoen et d’Akuo devraient représenter les énergies renouvelables) pour les consulter sur le la « feuille de route énergie » qui doit définir le paysage énergétique de la France pour les dix prochaines années. Les différents groupes de pressions sont à la manœuvre pour défendre leurs filières. La question du nucléaire est au centre de celle-ci. Après l’abandon, il y a quelques mois, de l’objectif de réduction de la part du nucléaire à 50% en 2025 (objectif reporté à 2035 selon un déclaration récente du Premier ministre), la question de la fermeture des centrales est au centre des débats (hors Fessenheim, dont la fermeture des réacteurs en 2020 et 2022 vient d'être confirmée par l’Autorité de Sûreté Nucléaire).
Une fermeture des centrales à partir de 2029, ou elles auront atteint une cinquantaine d’années, est le plus probable. Reste à savoir si dans l’intervalle, un ou plusieurs EPR seront lancés, non par nécessité énergétique, mais pour maintenir le savoir faire industriel du pays. Un point de vue naturellement contesté par les opposants de l’atome, qui considèrent qu’il faut sans délais mettre fin au très coûteux programme EPR.
Pour les énergies renouvelables, la priorité devrait être donnée aux filières qui ont atteint la maturité industrielle. L’éolien terrestre devrait être favorisé, même si les opposants sont de mieux en mieux organisés et leurs recours allongent les délais d’instruction des projets, par rapport à l’éolien flottant, qui devrait être cantonné à des opérations de démonstration. Cette perspective à conduit les présidents des régions maritimes à alerter le gouvernement sur l’intérêt de cette filière.
Le solaire attire moins d’opposition, même si le gouvernement souhaite maîtriser sa diffusion et donc sa part de marché, ce qui explique la limitation de l’autoconsommation, plébiscitée par les citoyens, mais entravée par des combats d’arrière-garde. Toutes cela sera balayé lorsque la récente révision de la directive européenne sur les énergies renouvelable aura été transcrite en droit français.
Ces atermoiements peuvent surprendre au moment où les grands industriels asiatiques du solaire, prévoir une multiplication par dix du marché dans les cinq prochaines années. Les ventes annuelles de solaire atteindraient 1000 GW en 2023 (contre 100 GW en 2017).
Comme ce fut le cas lors des étapes précédentes de l’histoire de l’industrie solaire, ces chiffres seront contestés, voire même raillés, par les la technostructure et les décideurs français. Pourtant les industriels asiatiques se lancent dans des investissements colossaux, et jusqu’à présent ils ont démontré la pertinence de leurs analyses.
La PPE devrait donc prévoir un marché national moyen sur les 10 prochaines années de l’ordre de 5 GW par an (cinq fois plus qu’aujourd’hui). Si ces chiffres se vérifient le marché français représenterait alors 0,5 % du marché mondial c’est-à-dire cinq fois moins que notre poids économique naturel.
Selon le Figaro de ce matin la PPE ne devrait pas être connue avant la mi-novembre (la date du 12 est avancée par le quotidien), encore une preuve que les mouvements des différentes forces qui s’opposent n’est pas totalement stabilisé.