La compétitivité de l’énergie solaire est enfin unanimement reconnue. Pourtant la nécessité de conserver en France un savoir-faire nucléaire, aux plans industriel et militaire, pourrait conduire le pays, une nouvelle fois, à surinvestir dans cette filière excluant de fait l’énergie préférée des Français. L’histoire du début des années 80 se répète.
Qu’on se le dise, l’été 2018 aura été chaud pour le secteur solaire, et pas seulement du fait de la canicule la plus sévère de ces dernières années.
Sur fond de Marseillaise et de ballon rond, le coup d’envoi de la période estivale a été donné avec ferveur par le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu, lors de la publication fin juin d’un vaste Plan de mobilisation pour accélérer le déploiement de l’énergie solaire. Tout le monde était là et bien présent parmi les grands, d’EDF à Engie et Total en passant par la grande distribution, le Ministère des Armées, la SNCF et les PME du secteur, avec la promesse de faire décoller la filière et d’augmenter la part ensoleillée du mix énergétique national. Il y en a eu également pour Madame et Monsieur Michu, avec l’ambition de développer l’autoconsommation « à la maison », ou encore « à la ferme ». Autant de bonnes nouvelles que les petites lignes de la loi et de la réglementation ne doivent pas venir détricoter et qui devront être prolongées de mesures additionnelles.
Oui mais voilà, le départ de Nicolas Hulot du gouvernement deux mois plus tard sonne comme un amer été indien. Les annonces autour des énergies renouvelables ont beau fleurir, le dossier du nucléaire continue de polluer le paysage décisionnel français, alors même que la compétitivité de cette « folie inutile dans laquelle on s’entête », selon les mots de Nicolas Hulot, n’est plus. Cela tout le monde le reconnait, c’est dû en partie à la baisse rapide des coûts des énergies renouvelables et à la croissance de ceux du nucléaire illustré par le gouffre financier des EPR. Quelle perte d’énergie ! Il est temps de clarifier la feuille de route des 10 ans à venir avec à l’esprit le seul objectif qui compte, celui du monde que nous voulons laisser aux générations futures.
Le monde de l’énergie n’est ni tout vert ni tout noir. Mais c’est le vert qui est la couleur de l’espoir. Le nucléaire n’en est pas cette décennie, à sa première remise en question. Dans les années 80 déjà, les interrogations autour de la gestion des déchets radioactifs et du nombre de centrales avaient semé le trouble. En octobre 1981 le gouvernement Mauroy avait dû passer en force à l’Assemblée nationale pour imposer à sa majorité un programme nucléaire surdimensionné qui ne laissa aucune place aux énergies renouvelables. L’histoire se répète. L’augmentation du prix du pétrole est toujours là, en toile de fond. Prenons le tournant autrement cette fois-ci, sortons de la phase molle de transition dans laquelle nous sommes « empégués » comme on dit dans le midi, et accélérons le développement de l’énergie solaire et de l’électromobilité verte. Saisissons comme une – peut-être dernière – chance le fait de pouvoir rejouer le match.
Vive le soleil, vive demain !