Extraits relatifs aux énergies renouvelables de l’interview de Jean-Bernard Levy, président d’EDF au quotidien « Les Échos » de ce jour.
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Les énergies renouvelables se développent plus rapidement que prévu. Quelle est votre prévision de moyen terme ?
Il faut faire attention, la croissance mondiale se nourrit encore de charbon et de gaz de schiste. Aujourd’hui, la première énergie renouvelable en Europe est de très loin l’hydraulique mais elle connaît une croissance quasi-nulle. Les nouvelles énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien ont certes un taux de croissance fort mais elles ne représentent encore qu’une part modeste dans la consommation finale d’électricité. Et encore moins dans celle d’énergie globalement. Surtout, on n’échappera pas à un véritable débat sur le coût pour la collectivité des énergies renouvelables.
Aujourd’hui, leur équilibre économique n’est pas trouvé, et on doit s’interroger sur l’acceptabilité par les ménages d’une subvention forte et durable des énergies renouvelables à travers leurs factures.
Le solaire suit néanmoins la loi de Moore et le prix des panneaux ne cesse de baisser pour une performance qui s’améliore…
… et nous nous en réjouissons ! Gestion de l’intermittence, intervention des régulateurs hors marché, acceptabilité dans l’environnement proche, il reste aussi des externalités à maîtriser. A part pour quelques pays peu peuplés et très bien dotés d’énergies renouvelables, comme l’Islande ou la Norvège avec l’hydraulique, je ne crois pas que les énergies renouvelables puissent représenter une part majoritaire de la production d’électricité avant plusieurs décennies.
Pour alimenter les très grandes concentrations urbaines comme New York ou Paris ou toutes les zones urbaines en expansion dans les pays en voie de développement comme en Chine ou en Afrique, les énergies renouvelables n’apparaissent pas encore comme une solution majoritaire mais pour l’instant comme un complément.
Le coût est en train de baisser et les rendements augmentent un peu, mais les volumes restent modestes vu l’ampleur des besoins qui sont considérables. Le solaire occupe, en outre, beaucoup de place, c’est un problème en France, où on ne peut pas déforester ni utiliser les terrains agricoles.
Des solutions de stockage commencent à apparaître, vous ne pensez pas que cela peut accélérer leur développement ?
Technologiquement, toutes les solutions sont là, mais elles restent très coûteuses et polluantes, et ma conviction, c’est qu’on a besoin d’une rupture technologique. Les performances du lithium plafonnent, ce qui nous amène à travailler sur d’autres métaux, comme le zinc. La révolution du stockage, toute la planète l’attend, et à mes yeux, elle est indispensable à l’atteinte des objectifs de la COP21 dans la deuxième partie du siècle.