Le CES qui s’est déroulé début janvier à Las Vegas a été marqué par la convergence des environnements. Plus particulièrement ceux de la maison et de la voiture « intelligentes ». Objet de nombreuses annonces, la convergence des écosystèmes constitue la véritable tendance du CES 2016.
Quelques jours plutôt l’accord de Paris invitait les États à réduire fortement le recours aux produits pétroliers, mais dans le même temps les pays producteurs, soucieux de conserver leurs parts de marché, refusent toute réduction de production, ce qui entraine une baisse probablement durable des cours. Cette situation n’est pas favorable aux économies d’énergies et aux énergies renouvelables qui produisent de la chaleur (bois énergie, solaire thermique).
A l’inverse la production d’électricité d’origine renouvelable semble moins impactée par cette situation. Cela s’explique par la moindre dépendance de prix de l’électricité à ceux du pétrole. Même si les prix de gros, qui reflètent le coût de production et la situation de l’équilibre offre/demande, sont aujourd’hui très bas (30 à 35 € le MWh) il faut ajouter le coût du transport et des taxes. Compte tenu des travaux de rénovation et de mise aux normes des centrales, les prix de vente publics devraient sensiblement augmenter en France comme le montrent divers rapports du Sénat et de la CRE. Le pronostic de l’Ademe qui prévoir la compétitivité de l’électricité solaire dans le sud de la France d’ici la fin de la décennie est donc tout à fait crédible.
La situation est sensiblement différente dans les pays tiers, et le patron de Total constatait depuis Davos, que le solaire n’était plus compétitif que dans un seul pays aujourd’hui, contre vingt, il y a peu, lorsque le pétrole se maintenait à des niveaux plus élevés.
Mais cette situation est temporaire, tant les progrès du photovoltaïques sont rapides. Les baisses attendues chez les industriels asiatiques seront de 10% en 2016 et même de 15% en 2017. Cela va contribuer à rendre à nouveau le solaire compétitif dans la plupart des pays avant la fin de la décennie.
Et ce n’est pas tout, la baisse des prix va continuer au-delà de cet horizon. Les matériaux qui entrent dans la fabrication des modules photovoltaïques sont parmi les plus abondants sur la planète et dès lors, la baisse des prix, s’explique par l’augmentation du volume du marché et les innovations qui régulièrement viennent accroitre le rendement des cellules solaires.
Le prix des modules photovoltaïques devrait encore être divisé par trois d’ici 2023, ce qui naturellement placerait, l’électricité solaire comme la plus compétitive par rapport à toutes les autres formes de production. De là à penser que le « coût marginal sera presque nul » comme le prophétise Jeremy Rifkin, il n’y a qu’en pas qu’il est tentant de franchir.
Il y a une vingtaine d’année la baisse rapide du prix des télécoms avait permis le développement de l’Internet, avec le bouleversement de la société dont on n’a pas fini de mesurer les effets.
Quel sera l’impact d’une électricité solaire presque gratuite ? Le secteur des transports, où l’électricité progresse vite constitue certainement un terrain de choix. Les voitures électriques déjà équipées de batteries, sont donc très bien adaptées pour être raccordées à une centrale solaire, qui pourra ainsi charger le véhicule lorsque les besoins de l’habitation sont satisfaits.
A la veille du CES de Las Vegas l’Atelier Numérique avait eu la bonne idée de réunir autour de François Sorel et Lila Meghraoua, trois chercheurs Français travaillant en Californie, Serge Passolunghi (Renault), Alexandre Bayen (Berkeley) et Alexandre Haag (Tesla), pour débattre, de la voiture autonome…On notera que Serge Passolunghi est issu de l’Ecole Normale Supérieure et que Alexandre Bayen et Alexandre Haag sont des anciens élèves de l’École Polytechnique.