Voici un article publié sur le site « La Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques » qui fait une très bonne synthèse des différentes études publiées récemment sur les perspectives du solaire photovoltaïque.
Des politiques stables toujours nécessaires
Dans le sillage de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Paris (COP21) qui s’est conclue avec un nouvel accord universel pour lutter contre le changement climatique, l’avenir de l’énergie solaire brille encore plus et plusieurs analystes prédisent au moins son doublement et redoublement au cours des 15 prochaines années.
Cependant, le principal objectif de l’industrie doit être aujourd’hui d’exploiter les promesses et le potentiel politique et économique de l’Accord de Paris, rapprochant les gouvernements, les entreprises et investisseurs pour assurer que les politiques, les incitatifs et les rendements répondent aux besoins réels et mènent à l’essor prévu.
L’attention doit être portée sur des politiques stables incitatives qui changeront à mesure que le marché s’émancipera, jusqu’à ce qu’il devienne autonome. Les prix de l’énergie solaire sont déjà les plus concurrentiels dans certaines parties du monde. L’erreur à éviter, disent les analystes, est de déstabiliser l’investissement croissant en effectuant des changements trop brusques pour les investisseurs.
En particulier, le développement du stockage d’énergie et un meilleur accès au financement abordable demeurent d’importants défis pour l’industrie du solaire tant dans les pays développés qu’en développement, qui doivent être relevés maintenant pour que le secteur puisse croître plus vite, avec le soutien politique approprié.
L’action nationale pour le climat accélérera le solaire
D’après les calculs effectués par le Massachusetts Institute of Technology (MIT), les plans d’action climat nationaux (en anglais Intended Nationally Determined Contributions ou INDC) soumis à la Convention-Cadre de l’ONU sur les Changements Climatiques en amont de la COP21 ont le potentiel de quasiment multiplier par cinq la capacité solaire mondiale d’ici 2030, ouvrant une brèche importante dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
En même temps, les groupes de réflexion tels que Greentech Media soulignent que la demande pour l’énergie solaire dépend encore largement des incitatifs des gouvernements. La capacité mondiale installée a atteint 256 gigawatts en 2015. Greentech prévoit un bond jusqu’à 700 GW d’ici à 2020. D’ici là, la Chine consommera 25% de cette énergie. La part de l’Europe a déjà chuté, passant de 80% à 22% depuis 2010.
Bloomberg New Energy Finance estime que 54% de la capacité électrique au sein de l’OCDE sera renouvelable d’ici 2040. 882 gigawatts d’énergie solaire seront ajoutés au cours des 25 prochaines années et les installations de panneaux solaires à petite échelle domineront. Les pays en développement auront besoin de trois fois plus de capacité que les pays développés et au moins la moitié de cette électricité sera renouvelable.
La clé est d’équilibrer le maintien des politiques et d’autres incitatifs gouvernementaux pour préserver l’élan en même temps que le marché renforce sa capacité à soutenir l’industrie solaire, explique Adam James, ancien analyste de Greentech Media et aujourd’hui Directeur adjoint, stratégie et politique mondiale chez SolarCity. «Ce n’est pas un rêve mais la réalité. La transition est en cours vers des programmes fondés sur le marché au Royaume-Uni et en Allemagne.»
Il y a un fort potentiel de croissance selon le rapport Crossing the Chasm publié par Deutsche Bank. La consommation mondiale d’électricité s’est élevée à 6 000 gigawatts l’an dernier et le solaire n’en représentait qu’un pour cent.
Exemples de politiques de soutien
Plusieurs pays ont déjà fait du solaire une composante clé de leur bouquet énergétique.
L’Inde entend installer 8,5 gigawatts de capacité solaire d’ici la fin de 2016 et le gouvernement central prévoit des investissements d’environ 100 milliards de dollars des États-Unis dans les renouvelables au cours des cinq prochaines années pour atteindre l’objectif de 75% d’électrification. Les États locaux doivent fournir les terres et acheter 20% de l’électricité produite. Les subventions couvriront 30% des coûts d’installation. Les mini-réseaux solaires hors des réseaux traditionnels peuvent aussi répondre aux besoins. Ces réseaux sont en voie d’atteindre 90 mégawatts d’ici 2019 selon une étude publiée par The Climate Group et Goldman Sachs.
Les pays qui soutiennent l’installation de panneaux solaires par les ménages offrent des contrats d’achat de longue durée, y compris des accords de 20 ans en Allemagne et au Japon, pour que l’électricité alimente le réseau. Ils offrent des tarifs préférentiels aux producteurs d’énergie solaire.
Une économie favorable
Le bas prix devient le principal avantage de l’énergie solaire parce que les coûts dégringolent depuis des années. Deutsche Bank indique que l‘énergie non subventionnée produite par des panneaux solaires installés sur des toits coûte 8 à 13 cents par kWh en moyenne aujourd’hui, soit 30 à 40% sous le prix de détail de l’électricité dans plusieurs marchés. MIT remarque que les prix du solaire reculent d’environ 10% par année en moyenne.
Le solaire coûte 12 cents par kWh en Inde, contre 10 cents pour le charbon. Le ratio charbon-solaire, qui se situait à 7:1 il y a quatre ans, pourrait atteindre la parité d’ici 18 mois. Plus de la moitié des 60 pays étudiés par la banque sont déjà à parité.
La tendance n’est pas sur le point de s’arrêter, prédit Jenny Chase, Responsable de l’information solaire chez Bloomberg New Energy Finance. «Les prix vont diminuer. Le Chili a déjà des installations non subventionnées», dit-elle.
Vishal Shah, chercheur chez Deutsche Bank, croit que d’autres forces favorisent le solaire sur le marché. «Nous nous attendons à ce que les prix mondiaux de l’électricité doublent sur 10 à 15 ans, renforçant encore la parité du solaire sur les réseaux».
Son rapport précise comment les coûts des modules chinois ont reculé, de 1,31 dollar des États-Unis par watt à 53 cents par watt entre 2011 et 2014. L’entreprise SunEdison cible un prix de 40 cents pour l’avenir.
Cela est de bon augure pour les ménages qui souhaitent installer des panneaux sur leurs toits.
«Un système résidentiel typique coûte environ 25 000 à 35 000 $ aujourd’hui aux États-Unis, mais nous croyons que les systèmes résidentiels comparables peuvent facilement plonger à10 000 ou 15 000 $ pendant les cinq prochaines années si l’on permet aux forces du marché, qui réduisent les coûts, de progresser».
L’obtention de taux d’intérêts peu élevés sur les emprunts est aussi nécessaire pour stimuler le déploiement.
Les États peuvent beaucoup aider, indique Adam James. «Les gouvernements peuvent jouer un rôle en fournissant un environnement réglementaire stable».
L’incertitude politique encore un obstacle
Plusieurs pays font cependant des changements politiques importants qui ne favorisent pas toujours le déploiement accéléré du solaire. L’Allemagne, qui tire environ 6% de son électricité de source solaire, a modifié la Loi sur l’énergie renouvelable en 2014. Cette loi imposera une taxe de 40% d’ici 2017 sur l’électricité consommée à partir de ses propres équipements. Cela a eu pour effet de ralentir les installations.
Le Royaume-Uni a pour sa part annoncé une réduction de 65% du tarif préférentiel.
En 2013, l’Union européenne a tenté de réglementer les importations de panneaux solaires chinois en fixant un prix minimal et en imposant des droits de douane. Le conflit commercial a été réglé en juillet la même année, avec un accord sur le prix de 56 cents par watt. L’UE a aussi permis à la Chine de combler la moitié de la demande européenne avant l’imposition de droits.
Les conflits commerciaux planent sur le développement futur, fait remarquer Vishal Shah. «Les politiques commerciales défavorables présentent un risque de ralentissement de la croissance dans des marchés importants pour le solaire, surtout en tenant compte de la faiblesse récente des prix du gaz naturel».
«C’est un exemple de conflit entre les objectifs climatiques et la production locale», affirme Adam James. «Les emplois en fabrication sont attirants mais, d’autre part, nous voulons décarboner [l’économie].»
L’amélioration du stockage essentielle
Un autre défi majeur est le stockage. L’énergie solaire est produite le jour et les ménages la consomment surtout en soirée. Tesla Powerwall, une batterie résidentielle que l’on recharge avec l’électricité produite par des panneaux solaires et qui peut être utilisée par les réseaux, coûte actuellement 3000 $ pour 7 kWh.
Les prix s’amélioreront avec le temps, déclare Vishal Shah. «Nous nous attendons à ce que les réseaux achètent des batteries à grande échelle, partout dans le monde. Les coûts chuteront au cours des prochaines années et le déploiement des énergies renouvelables et intermittentes sera en croissance.»
Le cabinet de consultants IHS prévoit que les coûts du stockage chuteront de 90% pour la période de 2000 à 2025.
Si elles sont rentables pour les petits producteurs, les politiques et la nature intermittente des renouvelables sont un défi pour l’ordre existant dans le secteur de l’énergie, dit Jenny Chase. «Nous nous attendons à ce que les fournisseurs qu’ils offrent de l’électricité lors d’une froide soirée d’hiver. Ils sont sensés agir comme une batterie sans trop facturer».
Adnan Z. Amin, Directeur général de l’Agence des énergies renouvelables, soutient que les fournisseurs peuvent puiser dans l’énergie solaire sans perdre le sommeil. Il dit que «les besoins de stockage sont minimes jusqu’à ce que les renouvelables atteignent une très grande part de l’électricité produite. Dans le cas de l’Allemagne, qui a un réseau interconnecté, une part de 90% a été atteinte dans le cadre de certaines études avant que des solutions de stockage ne soient nécessaires».
De plus, une étude publiée par Nature Climate Change montre que de meilleures lignes électriques peuvent transporter l’énergie propre sans grand investissement dans le stockage.
Cela, en plus des meilleurs prix, fait de l’énergie solaire une solution attirante d’investissement pour les gouvernements et entreprises, à l’heure actuelle et pour l’avenir.
Le site de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques