Comment ne pas faire d'analogie aujourd'hui avec ce qu'il se passe dans le monde des transports et celui de l'électricité ? Au commencement, il y a des oligopoles à l'organigramme centralisé et des situations de rentes bien établies qui empêchent les impétrants à tenter leur chance. Dans ce monde là, tout est ficelé, réglé comme du papier à musique. Rien ne semble pouvoir déboulonner la statue du commandeur de ces groupes non soumis à concurrence. Peu stimulée par une demande contrainte et obligée, les états de services de ces entreprises se laissent peu à peu aller. Ce n'est plus le client qui est roi mais le vendeur, qui fixe ses règles et ses prix. Les enquêtes de satisfaction et de capital sympathie sur les taxis et la SNCF sont, à ce titre, accablantes.
Aujourd'hui le monde a changé. L'ère du numérique et de la mise en réseaux (sociaux) permet aux individus de s'affranchir de ces oligopoles. BlaBlaCar taille des croupières à la SNCF pour des voyages moins chers et plus conviviaux. A quand le premier bébé BlaBlaCar, si ce n'est déjà fait ? Le chauffeur Uber, poli et aimable, offre journaux et petite bouteille d'eau le sourire aux lèvres et fait oublier le chauffeur de taxi bougon qu'on a attendu une demi-heure et qui n'en décroche pas une. Sans sombrer dans l'angélisme du « c'est mieux avec le digital », on voit bien que se dessine un nouveau monde plus ouvert, un monde où les vielles rentes sont mises à mal par la concurrence des nouvelles pépites du numérique. Avec les crispations que cela comporte !
Et l’électricité me direz-vous ? Le schéma est le même. L'entreprise qui nous doit plus que la lumière assure certes un service de qualité, ce qui n'est pas rien, mais aujourd'hui les prix du kWh s'envolent et l'origine nucléaire de ses électrons pose question. Le citoyen en quête de plus de liberté et d'autonomie énergétique s'agace. Il a des désirs.
Aujourd'hui, un nouveau paradigme énergétique est en train de voir le jour dans le monde entier avec le solaire, décentralisé, bientôt associé à du stockage et couplé au numérique, comme trublion principal. En Europe, les tenants de la rente nucléaire ou fossile sont aux manettes. Ils ne renversent pas des voitures, ne bloquent pas des aéroports et ne manifestent pas, ils intriguent juste par connivence dans les couloirs des ministères pour retarder la signature des décrets, pour repousser l'inexorable, pour retarder l'effritement de leur rente. A l'instar d'Uber ou de BlaBlaCar, l'énergie solaire vertueuse sur les plans économique, environnemental et social, est une fatalité. Elle aura raison à terme et s'imposera comme une évidence. Tout est question de temps et de force des lobbys en place ! Ceux de l'énergie ne sont pas les moins influents. «La patience rend tolérable ce qu'on ne peut empêcher» disait Horace.