Centre Presse, le quotidien de la Vienne, consacre un papier dans son édition de dimanche à la situation du solaire photovoltaïque en Poitou-Charentes
Ces entreprises y croient mais, en attendant les beaux jours, elles résistent en s'accrochant à un marché formidablement porteur dans certains pays et encore frileux en France. Le marché du soleil, « l'énergie de la paix », comme se plaît à le répéter à l'envi, Georges Stupar, vice-président du conseil régional de Poitou-Charentes, est réglementé par l'État.
Ligugé et Montmorillon: deux projets qui peinent à sortir
Initié en 2008-2009 par Ségolène Royal, alors présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, le plan solaire bénéficie de 400 M€ provenant de la banque européenne d'investissement. Objectif avoué: installer 700.000 m² de panneaux photovoltaïques.
200 M€ partent rapidement sur les grandes toitures agricoles en Poitou-Charentes et l'autre moitié est consacrée dans le cadre de cette politique-là à un « photovoltaïque vertueux » à destination des particuliers et des collectivités. « L'objectif est d'atteindre 30% d'énergie renouvelable dans notre consommation d'énergie régionale d'ici à 2020 », rappelle le vice-président. Fin 2014, cette consommation se situait à hauteur de 13% avec une puissance installée de 262 MWc (Mégawatts) et un objectif en décembre 2015 fixé à 275 MWc.
« Nous produisons aujourd'hui 288 GWh, soit une consommation domestique pour 127.400 personnes, hors chauffage. »
En 2011, la mise en place par Ségolène Royal du Fonds de résistance photovoltaïque abondé à hauteur de 10 M€ a permis de soutenir les entreprises victimes du moratoire de François Fillon décrété en 2010.
La SEML (société d'économie mixte locale) ESTER (Énergie solaire du territoire) contrôlée par la Région (65%) et Solaire direct (35%), présidée par Georges Stupar a fixé un objectif à 120 MW d'ici à 2020. Pour l'instant seulement 20 MW sont revendiqués à Thouars. Cette société, qui travaille en partenariat avec les deux syndicats mixtes, Seolis dans les Deux-Sèvres et Sergies dans la Vienne (partenaires de rachat), s'est engagée à produire un KWh à un prix constant de 12 centimes sur trente ans.
Le SEML a, dans les cartons deux projets qui peinent à sortir - « J'attends la décision de la préfète » peste le vice-président régional -: Une centrale solaire de 13 hectares (environ 15 stades de foot) pour une puissance affichée de 6 MW à Ligugé et de 10 hectares pour une puissance de 4 MW à Montmorillon. « Ce dernier projet est toujours à l'étude », déplore le vice-président rappelant que « l'ancienne préfète Élisabeth Borne avait affirmé sa volonté de réduire les délais des études. »
Dans le schéma régional climat énergie, voté en 2011, élaboré en partenariat avec l'État, « nous prévoyons 1.450 MW de puissance installée pour 2020 », précise Georges Stupar. Reste environ 1.200 MW à installer. Rendez-vous dans cinq ans.
Le solaire brille-t-il côté entreprises ?
Vmh Énergies
Entreprise située depuis juin 2014 (avant, elle était implantée sur le territoire de Chasseneuil-du-Poitou) à Châtellerault, dirigée par Jérôme Bailleul, qui fabrique, assemble et exploite (assure la maintenance) les panneaux photovoltaïques: « La situation est compliquée, nous sommes à des appels d'offres dont l'État est le chef d'orchestre en fixant les tarifs et la fréquence », constate le patron, Jérôme Bailleul.
Vmh travaille que pour des investisseurs locaux, deux gros donneurs d'ordre que sont Sergies et Séolis: « Cela nous permet de continuer la production de panneaux mais nous sommes fragiles. »
Jérôme Bailleul va serrer les dents pendant 2 ou 3 ans « pour rester vivant » car il est convaincu que le photovoltaïque va être « une filière émergente ».
Le chiffre:Vmh annonce 600.000 m de toitures couvertes en panneaux photovoltaïques depuis 2008 dont 120.000 m de panneaux étiquetés Vmh.
Sergies
La vocation de la société d'économie mixte locale, née par la volonté des communes en 200, est de produire de l'énergie renouvelable. Emmanuel Julien, président du directoire, ne prend pas de gants pour dire que « l'activité photovoltaïque est en train de mourir à petit feu ». La cause de constat: des appels d'offres lancés par l'État trop espacés.
De surcroît, Sergies, développeur (dépose de dossier) ne peut s'aligner dans les appels d'offres face à une concurrence du Sud-Est de la France, la région PACA notamment: « Nous ne pouvons pas arriver à l'équilibre économique face à cette concurrence; en dessous de 13 centimes d'euros le KWh, nous ne passons pas », souligne Emmanuelle Julien
Le chiffre: Sergies annonce 170.000 m de panneaux photovoltaïques installés dont 140.000 m dans la Vienne.
Technique Solaire
Thomas de Moussac, le patron de cette société installée, depuis 2010, à Migné-Auxances, développe, construit et exploite des centrales solaires photovoltaïques sur grandes toitures (de 500 à plusieurs dizaines de milliers de m). « Nous dépendons des appels d'offres lancées par l'État, tous les dix-huit mois », explique Thomas de Moussac. Ajoutant: « Le solaire en France, c'est un marché très réglementé au regard de ce qui se passe ailleurs. Ça explose dans le monde. En Inde, au Chili, aux USA, l'énergie solaire coûte très peu cher. En Angleterre, ils ont construit deux fois plus que nous; en Allemagne, la capacité annuelle à installer du photovoltaïques est équivalente à celle de la France en huit ans. »
Le dirigeant, qui souhaite participer à « cette révolution industrielle », a créé une filiale en Inde, demande à l'État français « d'augmenter les volumes » car les coûts ont été divisés par six depuis 2008. « Il faut faire trois plus » pour le même chiffre d'affaire. « Nous arrivons à tirer notre épingle du jeu mais les projets sont principalement en Poitou-Charentes. »
Le chiffre: Technique Solaire dit avoir installé « plus de 200.000 m de toitures photovoltaïques depuis 2008. »