L'étude de PwC n'est pas parvenue à décrédibiliser les résultats de
l'étude Prognos. Les hypothèses qu'elle avance ainsi que son analyse,
selon laquelle les taxes auraient un impact positif net sur l'emploi,
tel que prétendu par Eu ProSun, sont incorrectes. AFASE répond aux
arguments suivants avancés dans l'étude de PwC :
1. PwC prétend que l'AFASE se trompe lorsqu'elle avance que les taxes
anti-dumping mèneront à la perte de 242 000 emplois, sachant qu'il
existe actuellement selon l'EPIA (European Solar Industry Association -
Association Européenne de l'Industrie Photovoltaïque) un total de 265
000 emplois liés au secteur solaire en Europe.
Prognos s'est appuyée sur l'hypothèse selon laquelle, sans ces taxes, la
demande de panneaux solaires augmenterait probablement et que les coûts
de production continueraient de diminuer. L'étude a ensuite mesuré
l'impact des taxes sur la base de cette future hausse de la demande. Par
conséquent, elle prend en compte l'impact sur la valeur ajoutée et le
niveau d'emploi actuels mais également sur la valeur ajoutée et le
niveau d'emploi qui auraient été atteints à la suite de la diminution
des coûts et des prix permettant d'augmenter le nombre d'installations
photovoltaïques. De plus, les résultats de l'étude de Prognos se basent
sur des calculs prudents et fiables. L'Association Européenne de
l'Industrie Photovoltaïque avance qu'entre 32 et 60 emplois sont créés
le long de la chaîne de valeur photovoltaïque européenne pour chaque MW
de capacité supplémentaire installée. La réduction d'effectifs calculée
dans l'étude de Prognos avoisine plutôt les 32. Selon les calculs de
Prognos – indépendamment du scénario ou de l'année étudiés – moins de 30
emplois seront perdus par MW. Si l'on prend en compte les effets
positifs sur l'emploi des producteurs européens de produits solaires, ce
nombre pourrait même baisser à 23-25.
2. En prenant le cas des États-Unis, EU ProSun avance que l'année 2012 a
marqué un record pour les installations photovoltaïques et que le
nombre d'emplois dans l'industrie solaire américaine a continué
d'augmenter de façon constante bien que des taxes anti-dumping et
compensatoires aient été imposées. Selon PwC, « cet exemple illustre
qu'il y a de bonnes raisons de ne pas croire les études alarmistes qui
se basent sur des données imprécises ».
Il est possible que 2012 ait été une année record aux États-Unis, mais
la comparaison des conséquences de l'imposition des taxes sur le marché
américain et leur impact potentiel sur le marché européen est totalement
inadaptée pour les deux raisons suivantes (voir également l'exposé de
position d'AFASE sur le marché américain) : Des produits concernés
différents : Les enquêtes européennes incluent des wafers, cellules et
modules d'origine chinoise, alors que les taxes américaines s'appliquent
uniquement aux cellules d'origine chinoise, qu'elle soient intégrées ou
non aux modules. Les modules fabriqués en Chine avec des cellules
non-chinoises n'entrent pas dans le champ d'application des taxes
anti-dumping/compensatoires.
Ainsi, les modules chinois continuent d'être dédouanés aux États-Unis
sans entrer dans le champ d'application des taxes
anti-dumping/compensatoires. Si les importations aux États-Unis de
modules fabriqués en Chine incorporant des cellules chinoises ont
diminué alors que les installations américaines ont augmenté, c'est
précisément parce que la demande est satisfaite par des modules
fabriqués en Chine qui utilisent des cellules non-chinoises en plus des
modules fabriqués hors de Chine. Cela signifie que l'on ne peut pas
s'appuyer sur l'évolution de la situation aux États-Unis pour évaluer
l'impact des taxes dans l'UE. Deux marchés très différents : Le marché
américain est extrêmement différent du marché européen.
Par exemple, alors que le marché des produits solaires à couche mince
est très peu développé dans l'UE, ce marché est très important aux
États-Unis et domine le secteur des grandes installations au sol. Non
seulement il y a peu de producteurs chinois de produits solaires à
couche mince mais la demande en grandes installations au sol aux
États-Unis est principalement satisfaite par des producteurs solaires
non-chinois, dont la société américaine First Solar par exemple. Par
conséquent, un segment très important du marché américain n'est pas
affecté par les taxes anti-dumping/compensatoires sur les produits
chinois. Dans l'UE, en revanche, la demande en grandes installations au
sol est principalement satisfaite par les produits solaires en silicium
cristallin qui font actuellement l'objet des enquêtes.
3. PwC tente de décrédibiliser les résultats de l'étude Prognos en
prétendant qu'il est extrêmement contestable « que l'hypothèse selon
laquelle les volumes d'intrants de production (par exemple la machinerie
et les matières premières) exportés d'Allemagne vers la Chine resteront
constants ». PwC part du principe que la Chine augmentera la production
de ces marchandises au point de devenir indépendante des importations
européennes.
Cette hypothèse n'est pourtant en aucun cas contestable. Premièrement,
le fait que la Chine augmentera la production de matériaux et débutera
la production de machines au point de ne plus les acheter auprès des
fournisseurs européens ne repose que sur des hypothèses. Absolument rien
ne le prouve. Tous les fournisseurs européens de matériaux et
d'équipements de production (par exemple Wacker, Applied Materials et
l'association de l'industrie allemande de l'équipement VDMA) ont demandé
explicitement et fermement à l'UE de ne pas imposer de taxes
anti-dumping car cela irait à l'encontre de leurs intérêts. Ce sont eux
qui sont les mieux placés pour évaluer ce qui est dans leurs intérêts.
4. PwC n'avance aucun élément pour démontrer que les taxes n'auront
aucun impact significatif sur l'emploi et la valeur ajoutée dans l'UE.
L'étude de PwC ne tente absolument pas de démontrer que les taxes
n'auront pas l'impact sur l'emploi que prévoit Prognos ou que l'impact
sur l'emploi auprès des fabricants européens de produits solaires est
plus important que celui calculé par Prognos. Jusqu'à maintenant,
l'étude de Prognos est la seule étude économique solide qui analyse
l'impact des taxes imposées aux produits solaires chinois sur l'emploi
et la valeur ajoutée dans l'UE. Il convient également de souligner que
Prognos est considérée comme une société de recherche de haute qualité
qui a entrepris de nombreuses études sur le marché de l'énergie pour le
gouvernement allemand et pour l'association solaire allemande (BSW) au
moment où Solarworld siégeait au conseil d'administration de la BSW.
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