La charge est lourde, les attaques sont virulentes. Dans presque tous les médias datés de ce 27 novembre 2012, le photovoltaïque est jugée responsable de la hausse actuelle et future des factures d'électricité des consommateurs français. Les chiffres sont là. Implacables. Les charges prévisionnelles au titre de 2013 progressent de 43% (5,1 Md€ vs 3,6 Md€) par rapport aux charges constatées au titre de 2011. Les charges liées aux énergies renouvelables (ENR) sont estimées à 3 Md€, passant de 41% à 59% des charges totales.
Les charges dues à la
péréquation tarifaire augmentent de 19%, essentiellement du fait de la
mise en service de nouvelles centrales ; celles liées aux dispositions
sociales doublent en raison de l'automatisation du processus
d'attribution du tarif de première nécessité, qui entraîne une
augmentation du nombre de clients bénéficiaires (1 442 500 prévus fin
2013 pour 651 000 à fin 2011). Les charges liées à la filière
photovoltaïque représentent 70% des charges liées aux énergies
renouvelables et 41% des charges au titre de l'année 2013, en raison
d'un prix d'achat élevé (459 €/MWh en moyenne).
C'est un fait. La ligne CSPE sur la facture gonfle et va encore gonfler
de quelques euros dans les années à venir. Pour les personnes en
situation de grande précarité ces augmentations répétées pèsent sur le
pouvoir d'achat des ménages pour lesquels le moindre euro compte. C'est
aujourd'hui clairement l'axe de communication du gouvernement, un axe de
communication qui a pour effet de lester le développement du
photovoltaïque de semelles de plomb.
Simple effet collatéral ou volonté
affirmée ? Mais ne faut-il pas regarder au-delà de ces seules charges
prévisionnelles. Oui le photovoltaïque est en partie responsable de la
hausse de la CSPE. Le prix moyen du kWh à 0,459 euro est faramineux et
relève d'une gestion passée calamiteuse de la politique des tarifs
d'achat dont, entre parenthèse, EDF a pas mal profité. Pour preuve, la
centrale au sol géante de Toul de 115 MW mise en service ce mois-ci et
qui a suivi les mises en services des centrales de Massangis (56 MWc,
Bourgogne) en octobre et de Crucey (60 MWc, Centre) en septembre,
disposent encore de tarifs à plus de 0,35 euro bonifiés par les
coefficients régionaux qui sont par ailleurs une bonne chose. C'est
plutôt le tarif de base à 0,30 euro qui choque pour des mises en service
en cette fin 2012, là où certains opérateurs parviendraient à
rentabiliser des opérations à 0,1020 euro pour le coup totalement
indolore pour la CSPE.
Ces exemples concrets montrent que des erreurs ont été commises. Les
critiques sont unanimes. Les professionnels eux-mêmes demandaient à
l'époque des baisses de tarif pour éviter la spéculation. Pour autant,
le gouvernement ne doit pas se servir de cette expérience passée
malheureuse pour insulter l'avenir. Le photovoltaïque ne coûtera bientôt
plus un euro de plus aux consommateurs d'électricité. En Allemagne, une
grande majorité des citoyens ont été ravis de participer, à travers un
effort financier sur leurs factures d'électricité, au développement
d'une filière qui a su créer plus de trois cent mille emplois et permis
en partie une sortie programmée du nucléaire. Les électrons verts
instillés dans le réseau ont un coût, celui d'un développement durable
et serein, loin des craintes suscités par les énergies de l'atome
post-Fukushima. Mais n'est-il pas là le vrai obstacle du photovoltaïque
français comme le suggère sans relâche nos grands corps d'Etat ?
Petit rappel. Les charges de service public de l'électricité sont
composées des surcoûts liés aux dispositifs de soutien aux énergies
renouvelables, des surcoûts de production et d'achat d'électricité dans
les zones non interconnectées (Iles et DOM) dus à la péréquation
tarifaire, et des coûts liés aux dispositions sociales (tarif de
première nécessité notamment).
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