Le développement d’une nouvelle filière industrielle peut-il être rémunéré via les factures des consommateurs ? Certainement à la genèse de cette même filière afin de soutenir la montée en puissance de technologies innovantes. Cependant, une fois la maturité de la filière atteinte, le consommateur n’a plus vocation à mettre la main au portefeuille. Les gouvernements doivent trouver de nouvelles sources de financement. L’Europe du photovoltaïque entre justement dans cette nouvelle phase de développement. L’Espagne vient ainsi d’ériger un moratoire à durée indéterminée sur les tarifs d’achat. De son côté, le gouvernement allemand a annoncé jeudi 23 février une réduction de 20% à 30% des tarifs d’achat de l’électricité solaire, le double de ce qui était prévu. Cette baisse sera, qui plus est, effective au 9 mars 2012 alors qu’elle était attendue en juillet prochain. Partout, les processus de soutien au photovoltaïque sont freinés, le photovoltaïque entre dans une nouvelle ère.
L’arrêt de ces mécanismes d’aide précipite l’arrivée imminente de la parité réseau. En Espagne, les professionnels ont formulé une requête : La possibilité d’auto consommer l’électricité d’origine solaire tout en revendant le surplus au prix de vente du réseau. L’idée du compteur capable de tourner à l’envers en somme ! En Allemagne où le kWh est déjà presque deux fois plus cher qu’en France, la baisse drastique des tarifs conduit là aussi inexorablement à la parité réseau dans les mois qui viennent. Les Allemands avaient d’ores et déjà greffé une prime à l’auto consommation. Histoire d’aller dans le sens des bonnes pratiques. Demain, elle va se généraliser.
Dans cette configuration de la parité réseau, le consommateur revient enfin au centre des dispositifs photovoltaïques, loin de toute spéculation ou des montages de location/toiture. Et c’est là qu’intervient la notion d’Internet de l’énergie et de la vente d’électricité entre soi. Si le producteur ne consomme pas toute son énergie, il peut alors en faire bénéficier la communauté dans des logiques décentralisées de quartier à énergie positive et de mixité sociale. Le système est, qui plus est, un pertinent levier d’économies d’énergie. Le producteur fait attention à ce qu’il consomme pour vendre davantage d’électricité à l’extérieur. Une véritable révolution énergétique !
En France aussi, cette transition va prévaloir. Elle doit s’imposer sans tarder quitte à financer de quelques centimes supplémentaires l’autoconsommation. Car l’avenir énergétique mondial se situe dans les smart grids, dans cette capacité à échanger en ultra local. Pour ce faire, l’accès au réseau français doit être repensé. Son prix doit être modulé en fonction de la proximité élective. Aujourd’hui, un producteur du Var paie le même prix pour alimenter Toulon ou Dunkerque dans un concept de mutualisation devenu obsolète. Il faudra aussi réfléchir au financement temporaire de ces quelques centimes d’euros qu’il faut cesser d’enter sur la facture des usagers. Et pourquoi ne pas faire resurgir la taxe carbone, outil intéressant de transfert de devises des hydrocarbures polluants vers un secteur vert créateur d’emplois non délocalisables. Pour rester dans la course de cette révolution énergétique, la France n’a de toute façon pas le choix : Elle doit accélérer son accession vers la parité réseau et l’Internet de l’énergie pour jouer un rôle majeur dans ce domaine crucial de l’économie de demain. __________________________________________________________________________________________
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