Sous ce titre le Comité de Liaison des Energies Renouvelables (CLER) communique:
«Quand on veut noyer son chien, on l’accuse de la rage : cette maxime s’applique parfaitement à la communication publique faite le 15 décembre par la Commission de Régulation de l’Énergie autour de sa délibération du 13 octobre dernier dans laquelle elle chiffre les charges du « service public de l’électricité » qui apparaîtront en 2012 sur la facture d’électricité des Français.
Ce document, totalement à charge contre le photovoltaïque, oublie un certain nombre d’éléments d’information qu’il convient de rappeler pour prendre la juste mesure du cynisme de la situation. Tout d’abord, la hausse annoncée s’explique principalement par la mise en service de systèmes photovoltaïques qui bénéficient de l’ancien régime de tarifs d’achat, celui d’avant le moratoire de décembre 2010.
Chacun sait que ces tarifs étaient notoirement trop élevés pour certains types d’application et pas assez pour d’autres : il s’agit donc d’un effet-retard de dispositions que nous avions alors dénoncées. En effet, les nombreux parcs au sol de grande puissance qui ont été connectés au réseau dans les derniers mois de 2011 vont profiter pendant 20 ans d’un tarif d’achat nettement supérieur à celui des systèmes intégrés au bâti de taille moyenne qui s’installent aujourd’hui : de juteux bénéfices en perspective pour les investisseurs compte tenu de la baisse des prix observée des systèmes, de l’ordre de 30% en un an…
Paradoxalement, cette annonce intervient dans une indifférence quasi-générale sur fond de crise majeure au sein de la filière française du photovoltaïque, marquée par de nombreux licenciements et fermetures d’entreprises en particulier dans les PME qui formaient l’essentiel du secteur et dont l’activité, impactée de plein fouet par le moratoire, n’a pas repris depuis.
Ensuite, tout en mentionnant la baisse prévue du poids de la cogénération du fait que certains contrats en cours vont se terminer en 2012, la communication de la CRE passe totalement sous silence le surcoût injustifié de plus de 700 millions d’Euros par an que ces contrats font peser depuis 2005 sur la CSPE du fait d’un mécanisme d’indexation du prix du gaz naturel très profitable aux quelques opérateurs concernés, pour l’essentiel des filiales de grands groupes énergétiques ayant pignon sur rue.
On sur-finance ainsi une production d’électricité émettrice de gaz à effet de serre sans que la CRE ne trouve rien à redire…
Enfin, il y a bien d’autres raisons en dehors du photovoltaïque de craindre une hausse conséquente du prix de l’électricité dans les prochaines années : des décennies de sous-investissement dans l’entretien des réseaux ; une pénétration toujours plus aberrante du chauffage électrique qui impose des importations de courant aux pires moments et à prix très élevé ; les besoins de sécurisation post-Fukushima des 58 réacteurs nucléaires en fonctionnement ; les déboires à répétition du chantier de l’EPR dont le coût a déjà presque doublé… Une chose est sûre, alors que les grands opérateurs énergétiques et leurs filiales tirent leur épingle du jeu et engrangent des bénéfices qui interrogent, les PME et, de manière générale, tous les petits opérateurs font les frais de la politique de gribouille menée par l’État sur le dossier du photovoltaïque.
La CRE serait bien inspirée d’étendre ses analyses détaillées et ses critiques aux autres secteurs fortement bénéficiaires de la CSPE plutôt que de s’entêter à taper toujours sur le même clou. On sait aujourd’hui que le photovoltaïque sera compétitif en France dans moins de 10 ans : une fois cette étape franchie, il deviendra inéluctablement une source essentielle de production d’électricité 100% verte et apportera une contribution majeure à la stabilité du prix de l’énergie.
L’urgence aujourd’hui devrait être à la reconstitution d’une filière nationale permettant à l’industrie française de prendre toute sa place dans la compétition internationale, pas à poursuivre des combats d’arrière garde pour en ternir l’image. Pour plus d’informations sur la CSPE, consultez les articles précdemment publiés par le CLER. Consulter la communication de la CRE critiquée dans cet article sur le site de la CRE.»
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