Jean-Marc Lalane et Benoit Moulas, fondateurs de la société Midi Solaire, sont des ingénieurs de l'intégration en toitures des panneaux photovoltaïques. C'est dans l'intégration qu'ils cherchent obstinément à dénicher la valeur ajoutée technologique de leurs systèmes photovoltaïques. Avec à la clé l'obtention d'un Pass Innovation vert pour leur système appelé Midi Top ! « Certains se battent pour faire progresser les rendements des panneaux ou des onduleurs de 2 ou 3%. De notre côté nous axons notre R&D dans la maîtrise des surchauffes et dans la ventilation des systèmes intégrés avec pour objectif l'optimisation des rendements. Ils sont là nos 2 à 3% de bonus énergétique. On dépose des brevets pour cela » lance Jean-Marc Lalane qui ne cache pas son ambition internationale sur le sujet. « Sur tous les bâtiments neufs de la planète, de Johannesburg à Pékin de Tokyo à San Francisco, les systèmes intégrés qui seront très performants auront leur place dans le monde. Et pour l'heure, ils n'en existent qu'en France. Nous avons un rôle à jouer. Midi Solaire doit être visible sur ce marché qui peut devenir énorme » poursuit l'enthousiaste chef d'entreprise.
Les banques bloquent le cash et inventent le clos et découvert
Mais son enthousiasme vient d'être récemment douchée par la publication du nouvel arrêté du 12 janvier 2010 qui a sorti les bâtiments neufs du tarif intégré bonifié. « Sur le fonds, nous sommes tout à fait d'accord qu'il faille éliminer les bâtiments neufs qui ne servent à rien . Vous savez, dans le Gers, cela fait plus d'un an que les DDEA refusaient déjà tous les projets non justifiées. Il faut tuer les requins et aller au bout de la vague de nettoyage. Il faut assainir la profession qui en a bien besoin Le problème est que cette disposition va faire passer bon nombre de dossiers valables à la trappe et génère d'ores et déjà des situations délicates ». Et Jean-Marc Lalane de prendre l'exemple d'un chef d'entreprise dont un bâtiment est en cours de construction qui vient de se voir refuser par sa banque le déblocage des fonds destinées au financement de sa toiture photovoltaïque. « C'est une catastrophe. Les banques ne débloquent plus le cash. Elles demandent un document d'EDF OA qui apporte la preuve que l'installation sera bien soumise au tarif d'intégration suivant les termes de l'arrêté du 10 juillet 2006. Elles ne se contentent plus du courrier nanti du seul coefficient K. Le problème, c'est que qu'EDF OA est dans l'incapacité de fournir ce papier » . Les services d'EDF OA ne savent vraisemblablement pas encore aujourd'hui quel tarif appliqué sur tel ou tel projet, et encore moins sur le neuf. Avec les banques qui ne financent plus les toits photovoltaïques des bâtiments en construction, l'administration vient d'inventer une nouvelle notion : celle de clos et de découvert.
Attention à la surimposition
Sur cette histoire de rétroactivité et de demandes d'achat complètes dont on ne sait réellement ce qu'elles contiennent, la société Midi Solaire a, pour l'heure, 2 MW en suspens, un peu en neuf et beaucoup en rénovation. Aujourd'hui, et tant que le doute persiste, Midi Solaire, à l'instar des sociétés qui oeuvrent dans le photovoltaïque, doit reconstituer un stock. « Il faut dire que pour l'heure, la filière est tétanisée par ce qui se passe. Nous allons d'abord nous reconcentrer sur les bâtiments anciens et voir comment cela va se passer ». Pour Jean-Marc Lalane, l'optimisme est de rigueur. Le potentiel est là et bien là. Fort de son système d'intégration Midi Top, Midi Solaire pourra jouïr pendant un an encore du tarif d'intégration de 50 centimes d'euros pour les bâtiments anciens industriels, commerciaux ou agricoles. Avec des TRI pour les clients très proches voir même supérieurs qu'avec l'ancien tarif. Même s'il est un peu brutal, l'arrêté demeure positif pour la filière qui l'admet d'ailleurs bien volontiers. Mais qu'adviendra-t-il en 2011 ? Le système Midi Top fera-t-il partie des systèmes élus au tarif intégré. Et se cache-t-il également également derrière la notion d'intégré bâti simplifié ? La filière est en manque de détails techniques. « Si l'intégration disparaît au profit de la surimposition, la filière française sera mise à mal par des sociétés allemandes ou espagnoles qui viendront nous prendre en tenaille et nous marcher dessus. Aujourd'hui, des sociétés portugaises font des offres en France en surimposition à moins de trois euros le Wc. C'est assez effrayant. Il ne faut pas ouvrir cette porte surtout que, de notre côté, nous avons mis plus de deux ans pour développer et valider nos systèmes auprès du CSTB » insiste Jean-Marc Lalane qui ne demande qu'une seule chose dans un avenir proche : la stabilité.